Un musée, en gros, c’est un bâtiment avec des salles et des murs. Accrochez-y des tableaux, à ces murs, et vos visiteurs prendront de drôles d’attitudes. Des choses qui en temps normal ne se font pas en société, comme : rester immobile, marcher à tout petits pas incertains, se pencher en avant, revenir en arrière, avoir la larme à l’œil, même. Devant les œuvres, on se transforme un peu, on rentre en soi-même, on partage au contraire quelque chose avec son voisin, une émotion, une idée, on fond, ou bien on reste de marbre.
Devant les œuvres – ici, devant les tableaux – quelles attitudes adopte le cinéma ? C’est une question que pose notre Escale de la semaine : Cinéma & peinture, regards croisés, construite en partenariat avec Documentaire sur Grand Écran et rédigée par l’écrivain et critique Hervé Gauville.
Vous pourrez y arpenter un fameux bâtiment avec des salles et des murs dans Une visite au Louvre, de Danièle Huillet et Jean-Marie Straub (avec Cézanne pour guide). Mais aussi dans La Visite – Le Musée du Louvre, de Denis Darzacq (avec pour guides, cette fois-ci, quatre comédiens qui décalent les convenances muséales).
Vous serez aussi invités à résoudre quelques énigmes. Parce que certaines œuvres encouragent à enquêter. Quelle obsession, par exemple, peut amener un homme à consacrer sa vie à peindre un seul motif : des gouttes d’eau ? Peut-être le saurez-vous en regardant – comme son nom l’indique – L’homme qui peint des gouttes d’eau ? (le film sera disponible à partir de dimanche 23 janvier).
Autres formes d’obsessions, autres formes d’enquêtes, qui celles-là consistent à entrer pleinement dans le détail : il vous sera offert de scruter Le Jardin des délices de Jérome Bosch avec les yeux et les mots du psychanalyste Jean-Noël Picq filmé par Jean Eustache. Tandis que dans Tableau avec Chutes, Claudio Pazienza épluche, lui, le Paysage avec la chute d’Icare de Brueghel l’Ancien. Et finit par se demander ce que c’est que de regarder…
Mais au fond, qu’est-ce qui importe pour un tableau ? En enquêtant sur une mystérieuse collection “d’art volé”, Stolen Art pose cette question, que formule ainsi Hervé Gauville : “Soit, ce qui compte est la beauté et peu importe alors que l’œuvre soit authentique, copiée ou volée. Un simple paysage (…) devrait suffire à combler une attente esthétique.
Soit l’on suit le raisonnement du spécialiste de Rembrandt interviewé et la signature d’une peinture n’est pas seulement une garantie marchande, elle induit aussi le regard porté sur le tableau.
À vous de choisir.”
Bons films !