La paille et la poutre
Notre Escale de la semaine, en partenariat avec Videodrome 2 à Marseille, s’intéresse à la question de la langue. Au sein de Tënk, celle-ci nous travaille tous les jours. Ici-même en écrivant, dans le contenu du site et pour nos diverses et multiples publications. Nous savons que les mots ont un sens, nous ne partageons pas tous le même avis sur la manière de les choisir, de les écrire et de les agencer, nos vocabulaires diffèrent selon le champ de notre travail. Nous avons nos tics et nos jargons, et derrière nos rideaux, pour parvenir à vous montrer des films inédits, engagés, des films qui défient la grammaire du cinéma et bouleversent les normes, il nous arrive, oui, d’utiliser les mots homepage, workflow et back-office.
L’Escale Lost in Translation parle de la langue et explore la notion de traduction. Cet art – ou cette science – qui consiste à dire presque la même chose. Nous vous invitons à lire le texte que notre programmatrice Claire Lasolle a rédigé pour accompagner les sept films qu’elle a choisis, qui invoque les mots d’Umberto Eco et Barbara Cassin. Lisons-en ensemble une partie ici, avec chacun notre petite poutre dans l’œil : “Derrière cet intérêt pour la traduction, vous trouverez une inquiétude et une intuition quant à cette mauvaise habitude des anglicismes, des automatismes et des “éléments de langages”, d’une novlangue qui prolifère partout comme de la mauvaise herbe et qui est cristallisée dans ce que Barbara Cassin appelle le “globish”. Cette novlangue, ce globish supposé pouvoir être la langue de toutes et tous, est la langue des subventions, des experts, de la finance, du flux, de la performance et de l’efficacité, la langue de ce que Sandra Lucbert appelle “la narration néolibérale”.”
Découvrez ci-dessous les “sept films pour une pensée anti-globish” que nous vous proposons cette semaine. Une programmation qui se présente aussi comme un éloge de la traduction : il y a de quoi jouer, de quoi écouter autrement, de quoi questionner la manière dont on se comprend les uns les autres – de quoi, enfin, “envisager cette idée que la diversité des langues est une chance existentielle et intellectuelle”.
Bons films !