Nous serions tentés de reprendre les mots de Guillaume Meurice qui, appelant à venir participer au festival La Grande Révolte, qui se tient ces jours-ci à Paris, énonce avec son sourire en coin : “Si vous venez pas vous faites le jeu de l’extrême droite (…) et quelque part vous soutenez un petit peu Emmanuel Macron”.
Ça tombe sous le sens. Et nous vous laissons évidemment en tirer les conclusions qui s’imposent pour ce qui concerne notre programmation de la semaine : l’Escale La Grande Révolte.
En partenariat avec le festival du même nom, donc, nous avons demandé aux parrains et marraines de celui-ci de nous proposer 6 films qui montrent l’esprit de résistance, de lutte, soit qu’ils retracent des mobilisations ouvrières passées, soit qu’ils montrent le présent – grèves, rébellions, soulèvements, luttes de tous les jours.
Guillaume Meurice, donc, mais aussi Monique Pinçon-Charlot, David Dufresne, Mathilde Larrère, Valentine Oberti et Mélanie Simon-Franza sont nos programmateurs et programmatrices de la semaine !
Nous vous laissons découvrir leurs choix ci-dessous et sur la page de l’Escale.
Mais il y a autre chose. C’est comme si ça tombait bien, ce titre d’Escale. Il y a autre chose, c’est que des grèves se préparent, et ce n’est pas rien, et c’est important.
Nous n’allons pas faire ici un exposé sur le détail du projet de modification de système de retraite exposé par le gouvernement français. Mais quand même. Quand même, l’absurdité d’une telle politique serait quasi cocasse si elle ne jouait pas avec la vie de millions de personnes. Si, cumulée avec la récente réforme de l’assurance chômage, elle ne faisait pas peser une fois de plus tous les efforts sur les plus faibles, sur les fragiles, sur ceux qui sont perclus de tendinites, sur celles qui mettent des enfants au monde… et quels efforts ? et pour quoi ? Faut-il être tout à fait dans une réalité parallèle pour ne pas voir que les écarts de niveaux de vie se creusent ? Qu’une partie de la population ne profite que quelques années de ce temps libre qui lui est dû ? Faut-il se croire encore au 20e siècle pour adopter des schémas de pensée économique qui ne regardent pas plus loin que le bout de leurs profits, et qui ne voient pas le monde qui vient, qui est là déjà, où la notion de croissance explose en morceaux ? Ou bien faut-il pour tout cela être tout simplement cynique et violent ?
Cocasse est un peu faible en effet. Violent convient mieux, oui, pour qualifier la politique qui nous est imposée. Les principes démocratiques sont foulés au pied, et cela fait quelques années que le débat contradictoire au parlement français est réduit, par la force, à peau de chagrin.
Alors que nous reste-t-il, pour compenser le système représentatif mis en défaut ? Que reste-t-il aux 80% de français opposés aux projets du gouvernement pour faire valoir leur opinion ?
Il reste la rue, la grève, l’action commune. Il reste l’espoir que du rassemblement puisse naître de l’invention politique, une démocratie d’une autre forme, un renouveau du sentiment collectif.
À Tënk, nous montrons des films. Cette semaine ils parlent de révolte. Ils suivent des gens qui parlent ensemble et qui tentent de résister, dans l’action, dans la joie, dans la colère, à ce qu’on veut leur imposer. En exergue du texte de l’Escale La Grande Révolte, nous citons le réalisateur Costa-Gavras : “Vous ne pouvez changer la vision politique des gens avec un film, mais vous pouvez au moins engendrer une discussion politique“. Alors quoi de mieux pour prolonger le débat que de descendre à notre tour dans la rue ?
Jeudi prochain, le 19 janvier, une partie de l’équipe de Tënk sera en grève. Et dans la rue. Nous serons heureux de vous y retrouver.
En attendant, bons films !