Une fois n’est pas coutume, nous laisserons ici la parole aux programmatrices de notre Escale de la semaine – Kiffe ta race – “qui saute à pieds joints dans les questions raciales”. Dans le texte qu’elles ont écrit pour accompagner leur programmation, Rokhaya Diallo et Grace Ly, créatrices du podcast éponyme sur Binge Audio, écrivent :
“Nous avons grandi les yeux rivés sur des films qui ont modelé notre horizon, forgé nos convictions personnelles et nourri notre regard sur notre monde. Dans le lot, nous avons hélas absorbé des représentations grossières, fausses ou réduites affectant notre perception de nous-mêmes. Depuis nos écrans, nous avons subi l’absence de visibilité juste, soit que les personnes auxquelles nous pouvions nous identifier étaient inexistantes ou présentées de manière infamante, ou que les histoires dont se réclamaient nos familles ne semblaient pas avoir droit de cité dans le déroulé du récit national. “Ne pas se voir signifie que vous n’existez pas” dit la sociologue des médias Marie-France Malonga. Car l’invisibilité interroge nécessairement la légitimité et, à terme, questionne l’estime de soi. Au fil de nos vies nous avons ressenti le poids des images manquantes de l’histoire, de ces histoires de France qui sont les nôtres et qu’on ne raconte pas assez.
Le vide criant et les blessures laissées béantes par les non-dits continuent de fracturer nos vies.
(…) Avec notre podcast Kiffe ta race nous avons donné naissance à un espace de dialogue, de critique culturelle et d’analyse en partant de nos vécus communs. Nous y avons associé les expériences d’artistes, de chercheur·ses, de militant·es qui nous ont ainsi aidées à amplifier la portée de nos voix. Ce chemin nous permet d’aller au-delà des sentiers battus par les discours de surface et fixer notre propre agenda de combat, approfondir notre connaissance de toutes nos histoires et traduire les assignations raciales pour s’en affranchir.
(…) Cette Escale (…) nous offre l’opportunité d’explorer les productions existantes et de saluer le talent des réalisateur·rices qui depuis des décennies documentent scrupuleusement les dénis de notre pays. Nous vous proposons de (re)découvrir 7 œuvres qui contribuent à décentrer notre regard, épousseter nos représentations et sortir d’un centre unique.”
Pour lire le texte dans son intégralité, c’est ici !
Bons films !