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Cette semaine sur Tënk

27 juillet 2018

Tunis, avant la révolution. Une rumeur court : un homme à moto, armé d’un rasoir, balafrerait les fesses des femmes qui ont la malchance de croiser sa route. On l’appelle le Challat, “le balafreur”. Fait divers local ? Manipulation politique ? Dix ans plus tard, une jeune réalisatrice décide d’enquêter pour élucider le mystère du Challat de Tunis.
D’abord pensé comme un documentaire d’investigation, c’est en se confrontant à l’impossibilité de mener son enquête que Kaouther Ben Hania en arrive petit à petit à cette forme hybride qui “tresse le réel avec la fiction, pour aboutir à une forme de vérité” dit-elle. En jouant avec la notion de vrai et de faux, elle témoigne, avec une audace proche de l’insolence, de la misogynie ambiante.

Nous vous proposons aujourd’hui, sur la plage Premières Bobines, une programmation issue du Master “Réalisation & Production Documentaire de Création” de Saint-Louis du Sénégal, composée de 3 films : Sunu BiirAn Burudju et Mon identité… None tubipfe !.
Dans Sunu Biir, le réalisateur veut en découdre avec la statue de Faidherbe – qui fut gouverneur du Sénégal – révélatrice du passé colonial qui enserre toujours les indépendances. Ce film politique est un combat contre les lieux de mémoire qui célèbrent les dominations.
Amidou Sogodogo, réalisateur de An Burudju est un Bambara malien. Il quitte pour la première fois son pays pour poursuivre ses études au Sénégal. Alors qu’à la veille de son départ, un songe rassurant et prémonitoire est venu lui révéler un peuple d’accueil, lointain et familier, il découvre à son arrivée un grand village bambara sur l’île de Saint-Louis. Avec sa caméra, il part à la rencontre de “sa” communauté, exilée depuis une à quatre générations. Les protagonistes se succèdent pour venir témoigner de la migration des peuples maliens à travers l’Afrique et de l’héritage d’un exil.
Le film entre en résonance avec Mon identité… None tubipfe ! de Diane Kanéza, réalisatrice burundaise qui vient interroger l’harmonieuse cohabitation entre les peuples et les religions au Sénégal.

Notre coup de cœur est issu de notre Escale SILENCES. Il s’agit de Notre pain quotidien de Nikolaus Geyrhalter. Pendant 2 ans, le cinéaste a placé sa caméra au cœur des plus grands groupes agricoles européens. Le film s’ouvre sur un calme clinique… La densité sonore monte calmement, révélant les solitudes des techniciens, alimentées par les réductions de personnel.
À travers les films présentés, Daniel Deshays, ingénieur du son, nous invite à s’interroger à la fois sur la puissance et la crainte généralisée des silences. Comment le silence devient-il le protagoniste d’un film, insuffle l’ambiance, participe de la dramaturgie ? Découvrez aussi La Colonie et le très court Je ne me souviens plus.

Enfin, prenez le temps de regarder The Bird and USLeonard Cohen: Bird on a wire ou encore Detroit ville sauvage. Plus qu’une semaine !

Bons films !