Sortez la gomina et faites briller vos cuirs ! Le coup de cœur de la semaine vous embarque dans l’univers des fifties et du rock’n’roll. Violent Days de Lucille Chaufour est un road movie au noir et blanc impeccable, interprété par une bande de potes. Réunis autour de leur amour pour cette musique et leur appartenance à la classe ouvrière, ils partent en direction du Havre pour assister à un concert où, en plus de la communauté rockabilly, bière et bagarre promettent d’être au rendez-vous.
De violence et de prolétaires, il en est aussi question dans notre nouveau Fragment d’une œuvre mais du côté du Japon. Tënk vous propose de découvrir le versant documentaire de l’œuvre d’un des maîtres du cinéma japonais : Shōhei Imamura. Deux fois palmé à Cannes et connu pour ses fictions provocantes, le cinéaste réalise dans les années 70 des films documentaires sur ce qu’il appelle l’”Histoire non-officielle des petites gens”. Un geste absolument novateur par la confrontation de la grande Histoire avec celle d’en bas, celle des bas-fonds et du bas-ventre.
En 1970, la première confrontation a lieu grâce à Madame Onboro. Imamura projette des actualités cinématographiques à cette propriétaire d’un bar de la banlieue de Tokyo. Frontale et limpide, cette Histoire du Japon racontée par une hôtesse de bar démontre que la violence sur les corps et les esprits constitue le vrai moteur de l’Histoire.
Dans La brute revient au pays natal, Imamura accompagne cette fois Matsu, vétéran de la guerre en Thaïlande, alors qu’il retourne au Japon après 33 ans d’absence. Ce film revêche et émouvant, semble contenir une grande partie de ce qui fascine le cinéaste : comment un type, qui raconte dans un film précédent avoir exterminé des milliers de personnes, devient devant nous une victime.
Enfin, le cinéaste est aux côtés de Kikuyo, une des nombreuses japonaises enlevées et prostituées en Malaisie et à Singapour au début du XXe siècle. Karayuki-san, ces dames qui vont au loin révèle comment le Japon a fait de ces femmes des éclaireurs de l’expansionnisme japonais, et comment le coût de la guerre fût en partie financé par leur labeur.
Et pour éclairer ce fragment d’une œuvre, nous vous proposons le portrait réalisé par Paulo Rocha et intitulé Shōhei Imamura, le libre penseur. Ce grand cinéaste portugais, un temps attaché culturel au Japon, y partage son amour pour le cinéma d’Imamura, pour son côté grivois et brutal, sa révolte politique contre un Japon soumis à l’Occident et aux traditions.
Un autre portrait fait son entrée cette semaine sur la plage Écoute. Dans le noir de Sergey Dvortsevoy nous plonge dans l’univers d’un vieil homme aveugle vivant dans un petit appartement de Moscou. Il y confectionne des filets à provisions avec pour seul compagnon un chat blanc malicieux. Certains y verront peut-être la métaphore d’un pays en plein questionnement post-communiste.
Direction enfin les hauteurs de Los Angeles et l’envers du rêve américain avec One in a Million. Ce court-métrage nous fait découvrir avec tendresse et empathie l’univers de Nathan. A 18 ans, il rêve de Hollywood et vit avec quinze autres aspirants acteurs dans une maison comptant quatre chambres. S’ils sont encore loin des paillettes, ils peuvent tout de même, depuis leur colline, humer l’air de la ville.
Et n’oubliez pas, c’est la dernière semaine pour voir les films de notre escale Silences et vous avez jusqu’à ce soir pour regarder ceux programmés lors du festival FID Marseille.
Bons films !