Alors que Nicolas Philibert – cinéaste français notamment connu pour son Être et Avoir – sort en salle cette semaine son dernier film, De chaque instant, sur une formation d’élèves infirmièr·e·s, Tënk vous propose de plonger dans son œuvre à travers 4 films qu’il a réalisé entre 1994 et 2013 : Un animal, des animaux, Nénette, La Maison de la radio et Retour en Normandie.
Regardez La Maison de la radio : comment se saisir d’un lieu que chaque auditeur a déjà imaginé derrière son poste, rêvé et façonné à son idée ? Fidèle à sa méthode, Nicolas Philibert s’immerge dans les entrailles de Radio France. Il en résulte un film-kaléidoscope. Outre le plaisir de donner un visage aux voix que l’on aime, on y découvre les multiples facettes du travail radiophonique. Du direct sans filet de la matinale aux expérimentations reléguées aux confins de la nuit, le film nous donne à vivre une journée immense, rythmée par les 1001 voix de la radio.
Nénette… est-elle triste ou simplement fatiguée ? On dit que les orang-outan sont moins expressifs que les chimpanzés, pourtant quand notre regard se perd dans celui de Nénette, beaucoup d’émotions circulent. Née en 1969 dans les forêts de Bornéo, Nénette vient d’avoir 40 ans. Pensionnaire à la ménagerie du Jardin des Plantes à Paris depuis 1972, elle est la vedette incontestée des lieux et voit, chaque jour, des centaines de visiteurs défiler devant sa cage. Naturellement, chacun y va de son petit commentaire…
Tout autrement, le cinéaste avait déjà creusé la question du lien entre les humains et les bêtes en 1994 avec Un animal, des animaux… Tourné au cours des travaux de rénovation de la Galerie de Zoologie du Muséum National d’Histoire Naturelle, le film raconte la mise en scène du règne animal par la science. En exhumant les spécimens empaillés, remisés pendant 25 ans dans les stocks, les scientifiques façonnent le regard du visiteur. Maquillage, retouche des costumes, scénographie… Philibert s’amuse à saisir bien plus qu’un simple chantier.
Sur notre plage Cinéma de cinéma, nous mettons en regard deux films : Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère… de René Allio et Retour en Normandie de Nicolas Philibert.
Dans les années 70, René Allio se penche sur un fait divers survenu en 1835 dans la campagne normande : un jeune paysan de 20 ans égorge à coups de serpe sa mère, sa sœur et son jeune frère. Il prend la fuite et erre plusieurs semaines dans les bois avant de se faire arrêter. À peine emprisonné, le meurtrier, que la plupart des témoins décriront comme un garçon au comportement étrange, voire sous les traits d’un idiot, entreprend la rédaction d’un épais mémoire, texte d’une stupéfiante beauté, véritable autobiographie dans laquelle il expose les raisons qui l’ont conduit à son geste. Criminel monstrueux ou “pauvre” fou ? Le débat opposa longtemps magistrats et psychiatres…
En plaçant d’emblée son film sous la tutelle du livre du même titre de Michel Foucault sur cette affaire de parricide, Allio explicite sa démarche : celle d’être le plus fidèle aux “documents”. Afin de mettre en scène la reconstitution, il sollicite des comédiens non-professionnels. Sur ce tournage, Nicolas Philibert, alors âgé de 24 ans, assume le poste de premier assistant à la réalisation. 30 ans plus tard, celui-ci revient sur les “lieux du crime” et signe Retour en Normandie.
Enfin, dernier soir pour regarder les films de notre Escale dédiée à la photographie : Déclics ! Sachez également que vous n’avez plus que 7 jours pour voir Le Complexe de la salamandre, Il est des nôtres et D’ici là, présenté la semaine passée aux États généraux du film documentaire de Lussas.
Bons films !