Impossible pour Tënk de ne pas faire un crochet par le Festival de Cannes qui tient sa 71e édition du 14 au 25 mai 2019. Entre la sélection officielle, La Quinzaine des Réalisateurs, La Semaine de la Critique, Cannes Classics ou encore L’ACID c’est chaque année une vingtaine de documentaires qui sont présentés sur la Croisette. Dès 1993, les cinéastes, par le biais de l’ACID, ont décidé d’investir la vitrine professionnelle cannoise pour y montrer une section parallèle de longs métrages, documentaires et fictions. Ces films, souvent des premiers longs, sont choisis par les cinéastes avec la volonté de donner de la visibilité à des auteur·e·s souvent (mais pas exclusivement) sans distributeur, pour faciliter la sortie de leurs films en salles. Issus de la sélection ACID des dernières années, nous vous proposons deux films : Je suis le peuple d’Anna Roussillon et Mercuriales de Virgil Vernier.
Je suis le peuple nous plonge dans la révolution égyptienne, des premières voix élevées depuis la place Tahrir en 2011 à la chute du président Mohamed Morsi en 2013. Mais c’est en périphérie, depuis la campagne, dans un village du delta du Nil, que nous sentons cette pulsation. À travers des dialogues savoureux et drôles, nous suivons le cheminement de Farraj, de ses enfants et voisins. “Qu’est-ce que la révolution va changer ici ?”. 3 ans après sa sortie en salle, Je suis le peuple est un film à découvrir, et à faire découvrir, absolument !
Des tours jumelles à Bagnolet, désignant chacune un point cardinal et deux jeunes femmes venues des bordures de l’Europe : conte onirique autant que chronique documentaire, Mercuriales est une méditation visuelle. On y croise les dieux et les mythes d’une époque en crise. Pourtant, dans ce chaos, c’est la force de l’incarnation qui reste. Corps et immeubles sont filmés avec la même intensité. Le magnétisme opère.
Sur notre Plage Histoire & Politique, une pépite absolue, qui ne connaissait pas de version française avant sa diffusion sur Tënk : Nicaragua Part 1. Voyages de Marc Karlin. En 1978-1979, l’ américaine Susan Meiselas photographie les deux insurrections qui ont conduit au renversement de 50 ans de dictature par la famille Somoza au Nicaragua. Avec ces images, Marc Karlin invente et ajuste une forme cinématographique dialectique afin de mettre en lumière à la fois la beauté de la révolution au quotidien et ses dures contradictions. L’activisme politique du cinéaste prend la forme d’une approche radicale de l’esthétique documentaire, une radicalité opposée au système médiatique.
Enfin, ne manquez pas notre Fragment d’une œuvre consacré à Cecilia Mangini, ainsi que les trois films de la dernière édition du festival Cinéma du réel.
Bons films !