Nous concluons aujourd’hui notre exploration de la programmation du festival Visions du réel, qui s’est achevé le weekend dernier en Suisse, avec deux films de l’édition 2019 : Nofinofy de Michaël Andrianaly et À l’usage des vivants de Pauline Fonsny.
Nofinofy se passe à Madagascar au côté de Roméo… Lorsque son salon de coiffure est détruit par la municipalité, Roméo doit quitter la grand-rue de Tamatave pour les quartiers populaires. Il s’installe alors dans une petite cabane de fortune, mais rêve de pouvoir un jour se construire un salon “en dur”.
Ce n’est pas le premier film du cinéaste malgache Michaël Andrianaly que nous diffusons sur Tënk. Auparavant, nous avons montré Todisoa et les Pierres noires et Njaka Kely. Porteur de charbon, conducteur de pousse-pousse, et cette fois coiffeur handicapé, les protagonistes de Michaël Andrianaly sont des héros au quotidien qui bravent les obstacles pour trouver leur place malgré la pauvreté. Sa caméra participante partage la vie de Roméo et son salon de coiffure, au point d’en devenir un partenaire actif. Il en épouse le rythme mais aussi la colère face aux politiciens “qui piétinent le peuple“. L’échoppe de Roméo vibre des joutes politiques autant que des fêtes et des rencontres. Elle est aussi espace d’éducation et de solidarité. Elle est image de Madagascar aujourd’hui.
En 1998, Semira Adamu, nigériane de 20 ans en séjour dit “irrégulier” sur le sol belge, mourrait étouffée sous un coussin policier alors qu’on tentait de l’expulser. 20 ans plus tard, dans un cri de guerre conjugué au féminin, deux femmes racontent dans À l’usage des vivants de Pauline Fonsny. À travers leurs récits, elles mettent en lumière la réalité des centres fermés destinés à la détention des personnes migrantes, les conditions de ces enfermements, la souffrance des détenu·e·s, les exactions des gardiens et des gendarmes. Loin de rester uniquement un tombeau rendant hommage aux disparus, ce film est d’abord un message envoyé aux vivants d’aujourd’hui. Pour réveiller nos consciences face aux politiques migratoires toujours menées en Europe.
Enfin, vous avez encore une semaine pour regarder Le Bouton de nacre de Patricio Guzmán, Cuba Feliz de Karim Dridi et Un jour, mon prince viendra… de Marta Bergman
Bons films !