La 61e édition du festival international DOK Leipzig se tient en ce moment-même en Allemagne, et cela jusqu’au 4 novembre. Cet évènement est l’un des plus importants au monde pour le documentaire et le film d’animation. Cette année, le festival rend hommage à Werner Herzog et, en écho, Tënk vous propose trois films du grand cinéaste allemand ! Regardez Into the Abyss, Les Cloches des profondeurs et Wodaabe, les bergers du soleil.
Into the Abyss – notre coup de cœur – raconte l’histoire d’un crime qui mène à la peine capitale un très jeune homme, et son ami à la perpétuité. La voix rocailleuse d’Herzog dialogue avec ceux qu’il interroge : la famille des victimes, les proches des condamnés, l’aumônier qui accompagne jusqu’au dernier instant, l’enquêteur, la visiteuse de prison. On s’attend au pire et on a raison : chaque protagoniste, chaque partie de l’histoire est une révélation. Nous avançons inexorablement vers la peine capitale et soudain une terreur encore plus grande nous envahit : ce n’est pas uniquement une histoire intime, mais celle d’un pays tout entier, l’Amérique pauvre. Le pays où la ségrégation sociale précipite les mal lotis continuellement vers le crime, vers la prison, vers la fin où ce fameux corridor mène…
Les Cloches des profondeurs nous conduit au Nord de la rivière Yenisei, en Sibérie. Werner Herzog rencontre des habitants et dresse un inventaire des manifestations mystiques dans ces confins de Russie… Il filme frontalement, dans une sorte de premier degré, comme s’il prenait soin de ne pas “hystériser” un tableau déjà fort chargé. Si l’ironie ne manque pas – particulièrement les trois dernières séquences –, il se fait passeur presque humble, et traducteur au sens propre. Herzog est avant tout occupé à sonder les résonances et les vibrations de la foi chez l’humain.
Comme Herzog et son équipe, laissez-vous éblouir par les Wodaabe, les bergers du soleil, peuple nomade du Niger. Les hommes Wodaabe en sont certains : ils sont les plus beaux sur Terre ! Ils font rouler leurs yeux, découvrent la blancheur de leurs dents, soulignent de maquillage l’élégance de leurs traits, encadrent de perles leurs visages qui n’expriment rien d’autre que “Regarde moi !“. En ligne en plein désert, ils s’offrent au regard des femmes dans une compétition annuelle qui est l’accomplissement de leur culture. Mais comment être sûr d’être est le plus beau ?
C’est le mois du film documentaire ! Célébré chaque année en novembre, le film documentaire est mis en valeur dans de nombreux lieux pendant tout le mois. Sur Tënk aussi, on fait la fête en vous proposant une programmation spéciale ! Au fil du mois, découvrez des portraits de grand documentariste – Maldoror, De Seta, Marker – et dès, aujourd’hui : Carole Roussopoulos, une femme à la caméra.
Tourné entre 1987 et 1997, Fugazi : Instrument capte l’énergie tantôt retenue, tantôt brutale de Fugazi, légendaire groupe indé de Washington, dont la puissance scénique n’a d’égale que la rigueur éthique. En mélangeant entretiens, somptueuses séquences live et portraits de la jeunesse de l’époque, le film aborde les questions de la création musicale et de la place de l’artiste dans la cité mais dessine aussi un contexte politique et social. Jem Cohen se révèle un cinéaste à la hauteur des musiciens qu’il filme. La puissance brute de ses images font de ce film un geste aussi rageur et singulier que la musique de Fugazi.
Enfin, ne manquez pas le Fragment d’une œuvre consacré au cinéaste japonais Shōhei Imamura : encore 7 jours…
Bons films !