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•• Cette semaine sur Tënk

25 mars 2022

On verra ça demain

Demain, ou presque, les personnes inscrites sur les listes électorales françaises seront invitées à voter pour élire un monsieur ou une dame qui pendant les 5 prochaines années aura un certain nombre de pouvoirs plus ou moins importants, dont celui de continuer à détruire pendant 5 années de plus tout ce qui peut éventuellement aider les plus pauvres à manger, les malades à se soigner, les étudiants à se former, les vieux à se reposer, les opposants à s’exprimer et puis, quoi encore ? le méthane à ne pas trop, trop se libérer.

Mais bon. On verra ça demain.

Aujourd’hui – cette semaine – une partie de notre programmation s’intéresse aux élections. Ou plus précisément : à la propagande, aux discours, aux campagnes.

Vu le candidat, de Seb Coupy et Bertrand Larrieu, détaille la surface des choses : le papier tout plissé de colle à papier peint des affiches électorales placardées sur les panneaux installés pour l’occasion devant l’école municipale ou la salle des fêtes. Tout en images fixes et en interventions sonores des passants, le film, tourné en 2007, décrypte en grinçant les portraits, les lumières, le grain de l’image, le sourire et le regard de celui ou celle qui tente de susciter le désir…

21 ans plus tôt, 1986, en Autriche. Kurt Waldheim a de grandes, très grandes mains. Il se fait élire à la présidence de son pays. Il a des bras vraiment très, très longs. Il semble par ailleurs avoir été engagé dans des massacres de partisans pendant le 2e guerre mondiale en Yougoslavie, entre autres choses. Mais qu’importe : lorsque se révèle une vérité gênante, il s’agit pour un candidat de bien, bien persister dans le mensonge. C’est un peu gros, mais ça passe. Kurt le sait. Il énonce sa “vérité alternative”. Ce sont des mensonges. Tout le monde le sait. Et ça passe. Vous verrez cela dans La Valse Waldheim, de Ruth Beckermann.

9 ans plus tard, 1995, Marseille. Bernard Tapie. Ah. Faut-il rentrer dans le détail ? Une campagne dans les quartiers Nord, des joutes verbales, enlevées et rigolardes. La violence de la politique. Bernard Tapie (que notre programmateur Benoît Hické qualifie de “bœuf” – mais il faut lire son avis sur le film pour comprendre). Une trahison. Bernard Tapie. Marseille contre Marseille de Jean-Louis Comolli.

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Hier, ou presque, nous célébrions les 60 ans des accords d’Évian, le 19 mars 1962. Pour parler d’Algérie cette semaine, nous vous proposons 3 films.

Que Dieu te protège, d’abord, un film soutenu par Tënk lors de sa production. Cléo Cohen, la réalisatrice, s’interroge : entre être française, juive ou arabe, faut-il choisir ? En “petite-enfant” de la décolonisation, elle s’adresse alors à ses grands-parents pour les questionner sur leurs origines et leur exil, d’Algérie ou de Tunisie.

Toute l’Algérie du monde, le dernier film de Malek Bensmaïl, est une passionnante revue historique des 30 dernières années du pays, des “années noires” au mouvement populaire du “hirak”. Le film interroge les grands acteurs de l’Histoire algérienne, ainsi que des dirigeants occidentaux et éclaire la politique étrangère algérienne, tout en décryptant la stratégie des puissances occidentales à son égard…

Enfin, Allons enfants… pour l’Algérie ! Un film est-allemand réalisé en 1961, sur l’implication de la RFA dans la guerre d’Algérie. Un film qui, selon notre programmateur Jürgen Ellinghaus, s’autorise “quelques amalgames qui desservent sa portée” et constitue une “virulente dénonciation de l’impérialisme franco-(ouest-)allemand [en établissant] des parallèles entre la guerre coloniale et le fascisme nazi”

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Alors voilà : nous avons deux Coups de cœur cette semaine. Mais nous ferons court.

D’abord, “un film d’espionnage comme vous n’en avez jamais vu, une histoire telle que ni John Le Carré ni Ian Fleming n’en ont imaginée.” C’est Fabien David, notre programmateur, qui le dit. Un scénario rocambolesque et trépidant : les premiers jours d’Edward Snowden comme lanceur d’alerte. Une chambre à Hong Kong. Une aventure importante et puis l’Histoire en train de se faire : Citizenfour.

Ensuite, un grand manoir, un internat comme on en fait plus, avec la passion au cœur de tout projet : “littérature, mathématiques et rock’n roll” guident l’énergie pédagogique de John et Amanda Leyden, couple d’enseignants atypique, et approchant de la retraite. A Kind of Magic, un film tendre et lumineux, à ne pas hésiter à partager avec vos jeunes gens !

Bons films !