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•• Cette semaine sur Tënk – Cinéma du réel

11 mars 2022

Cinéma du réel

Vous n’étiez pas à Cinéma du réel en mars 2021. Vous n’étiez pas à Paris dans des salles de cinéma avec sur un écran une image en grand. Vous avez peut-être regardé certains films sur la plateforme – Canalreel – que le festival avait concoctée pour l’occasion d’un festival en temps de « gestion de crise sanitaire ».

Quelques tonnes de masques et un pass vaccinal plus tard, Cinéma du réel revient dans les salles : ruons-nous-y !

À l’occasion de ce retour du festival tel qu’il devrait être, nous vous proposons cette semaine une programmation exceptionnelle : la reprise d’une grande partie du palmarès de l’année dernière.

À commencer par le Grand Prix, The Inheritance, qui vous fera explorer l’activisme afro-américain à travers l’histoire du groupe MOVE, collectif lié au Black Power dans les années 70-80, et la vie même du réalisateur reconstituée en couleurs vives. Le jury motivait son prix de la manière suivante : « une déflagration cinématographique à base de reconstitution, d’humour et transmission des douleurs… Un film sur l’histoire des vaincus qui ne se considèrent pas comme des victimes mais comme des acteurs à part entière du film et de l’Histoire »

La rencontre du contemporain et de l’Histoire, c’est aussi ce qui irrigue Paysages résistants, de Marta Popivoda, qui avec sa compagne recueille le récit de la vie de Sonja, 97 ans. Une vie de lutte antifasciste dans la Yougoslavie du 20e siècle. Aurélien Marsais, notre programmateur, écrit : « Le militantisme de l’aînée vient alors progressivement en rappeler un autre, celui du couple, ayant fui la Serbie et son « capitalisme sauvage de périphérie européenne, l’homophobie et le populisme ». Deux résistantes antifascistes dans un nouveau siècle où la lutte semble plus que jamais nécessaire. (…) Un « film partisan » pour le futur proche, par refus du silence. »

Histoire encore, dans Un mal sous son bras, qui évoque les contradictions d’un pays, le Liban, malmené par l’irruption des normes de vie « à l’européenne », sous le prisme de l’intolérance et de l’hypocrisie face à l’homosexualité masculine.

Histoire encore ? Certainement, dans Les Prières de Delphine. Sensible film entièrement de parole – celle de la susnommée qui raconte le trajet de sa vie. Et puisque ce film a reçu le Prix des jeunes, laissons-leur la parole : « Ce témoignage nous est arrivé et nous ne pourrons plus dire que nous ne l’avons pas reçu. Aujourd’hui encore, sa voix résonne dans nos têtes. Parce que c’est un film d’une force brute et honnête, d’une grande radicalité malgré son apparente simplicité. Parce que le portrait est touchant, vrai, mystérieux. Parce que la parole est intime, violente et politique. Parce qu’on a vécu 20 ans de vie avec elle. »

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Retrouvez-ci dessous les trois autres films de cette programmation : un hommage au poète Franck Venaille, sous le regard du réalisateur Martin Verdet : L’état des lieux sera dressé à 11h en présence de la femme du poète. Et deux films qui nous confrontent aux images. D’abord, celles dont on se gave depuis déjà quelques années, et qui nous ont d’autant plus envahis depuis 2020 :  les visios, zoom, skype et consorts. Dear Hacker se propose de nous y faire un peu réfléchir (avec notre petite lumière verte allumée). Ensuite, dans Nightvision, c’est une caméra de surveillance qui joue son rôle de caméra de surveillance : instiller la peur. C’est aussi un questionnement sur le voyeurisme, l’attente, l’observation – c’est-à-dire sur le travail de fabricant d’images ou, pour reprendre les mots de notre programmatrice Caroline Châtelet – « une réflexion passionnante sur la production d’images comme situation de pouvoir ».

Toute notre programmation spéciale est ici !

Bons films !