Nous avons fait quelques recherches : il existe à présent des salons de coiffure qui proposent une option “sans conversation”. Il est même possible de choisir celle-ci en ligne en cochant la case idoine lors de la prise de rendez-vous. C’est pratique : même pas besoin de parler à un humain pour dire qu’on ne veut pas parler à un humain. Une riche avancée.
Il y a fort à parier que cette option n’est pas proposée par le salon de Saïda, à Tunis. Dans Y’a pas d’heure pour les femmes, oui, on parle ! Les femmes parlent, car une élection approche, la présidentielle de 2019. Et dans une Tunisie qui expérimente alors la pratique d’un vote de type démocratique, les débats sont passionnés. La réalisatrice Sarra El Abed nous donne accès à un huis clos féminin, conçu comme « une lettre d’amour aux femmes tunisiennes ». Des femmes libres de leur parole, parfois désemparées devant les choix politiques des plus jeunes. Des femmes que la réalisatrice nous montre pour que nous puissions voir « à quel point elles sont étonnantes et brillantes ! »
Lors de leurs migrations, les grues cendrées parcourent jusqu’à 2500 kilomètres, d’Europe du Nord à l’Afrique du Nord. Et il se dit que par leur disposition en vol elles auraient contribué à inventer les lettres V et Y, grâce à quelques survols de la Grèce dans des temps lointain. Mais nous vous laissons creuser le sujet par vous-mêmes.
Histoires d’œufs raconte d’autres histoires de grues. L’histoire d’un œuf qui fait un long voyage en voiture, en train, en avion. L’histoire des gens qui l’accompagnent. Une histoire de deuil, de grues capables d’atteindre la terre des immortels… Une histoire entre le monde tangible et le monde des esprits, entre le réel et l’imaginaire, bref, une histoire d’œufs, avec peut-être des sortes de fantômes…
Dans Piou Piou Piou on est plutôt sur de l’oie bernache. Ce court métrage s’amuse à observer les personnes qui observent les oiseaux. Adultes et enfants, professionnels ou non, jumelles aux yeux, on s’émerveille et on frétille à l’idée de débusquer des mouettes mélanocéphales. Ou bien on patiente dans l’espoir d’apercevoir un envol – peut-être en vain, mais toujours en lien avec l’air, le vent et les créatures alentour. Ce lien à garder précieusement, avant, comme le dit le génial sous-titre du film, « qu’on ne soit cuit cuit cuit ».
Ce film fait partie de la programmation Premières Bobines que nous consacrons cette semaine au Master « Documentaire Écriture du Monde Contemporain » de l’université Paris-Cité. Vous y découvrirez d’abord une invitation à regarder les statues en face, dans Mémoires de plomb : quelles sont les traces de la colonisation ? Et comment, dans une famille, ces traces peuvent-elles rester invisibles, malgré les monuments, partout ? Et puis une histoire de voisinage, à Plaisir, dans le quartier du Valibout : d’un immeuble à l’autre, à la rencontre de Diabe, dans Tout n’est que façade : un court métrage qui montre les lignes de démarcation, les frontières, visibles ou non. Qu’est-ce qui fait que d’un immeuble à l’autre, les trajectoires intimes diffèrent ?
Bons films !