“Il n’y a plus de route aisée vers l’avenir.”
Voici le point de départ de Patching Topias, court métrage d’animation que Louise Deltrieux a elle-même fabriqué pendant le confinement. Avec des moyens low-tech, l’artiste nous propose un voyage intime et collectif en collapsologie.
Pour celles et ceux qui, en cette semaine de COP27, se sentent démunis ou impuissants face à l’effondrement qui vient, nous proposons trois films pour regarder et affronter autrement ces questions.
Il y a ainsi le ronronnement du tapis roulant et des robots d’Agrilogistics. Cet essai aux allures de science-fiction nous plonge dans une serre agricole automatisée où la nuit venue d’étranges animaux surgissent… Bientôt la revanche du vivant ?
Demain la mer de la réalisatrice kazakhe Katerina Suvorova nous a particulièrement touché car, pour ses personnages, la catastrophe est déjà là. La mer d’Aral a disparu du fait de l’exploitation agricole intensive. Pourtant, face au désert de sel dans lequel ils vivent, ceux qui sont restés cherchent toujours un avenir meilleur.
Pour Aïcha et Mabrouk, l’avenir, c’était la France. Dans Leur Algérie, notre coup de cœur de la semaine, la cinéaste et fille du comédien Zinedine Soualem filme ses grands-parents, immigrés algériens de l’après-guerre, arrivés à Thiers à peine adultes et qui après 62 ans de mariage, se séparent. L’occasion de faire le point sur ces années d’exil et d’interroger leurs silences avec tact. Un beau premier film, qui questionne aussi en creux la place faite par la France à celles et ceux qui ont contribué à sa richesse tout en restant des “étrangers”.
Cette semaine, quatre films soulèvent, à leur façon, la question de l’accueil fait par les anciennes puissances coloniales.
“La France est-elle belle ? Est-elle gentille ?”, la réponse apportée par Djouhra Abouda dans Ali au pays des merveilles ne laisse que peu de doute. Au milieu des années 70, cette cinéaste d’origine kabyle réalise ce ciné-tract avec la complicité d’Alain Bonnamy. Fille d’immigré·es, elle fait exister les conditions de vie des travailleurs et travailleuses algérien·es en région parisienne et pointe l’exploitation et le racisme que la France leur fait subir.
Dans Paternité alimentaire, Moritz Siebert (remarqué pour Les Sauteurs) suit la grève de la faim d’un descendant métis d’un colon allemand au Togo. Depuis 30 ans, l’Allemagne lui refuse la nationalité. Jusqu’où devra-t-il aller pour que le pays reconnaisse son passé colonial ?
Enfin, il y a la frontière. Et d’abord celle entre l’Italie et la France. Là où passe le “sentier de la mort”, celui qu’il faut franchir pour accéder à cet avenir tant espéré. Avec De la planète des humains, Giovanni Cioni nous offre une réflexion en forme de fable sur la vie, la mort et le silence qui entoure le passage des migrants. Nous lui avions décerné un prix l’an dernier au Festival dei Popoli qui se déroule en ce moment à Florence.
Bons films !