Le « dialogue israélo-arabe », ça ressemble à une expression toute faite entendue à la radio. Et rarement pour se réjouir d’une dynamique réjouissante. Est-ce avec une forme d’ironie, en 1974, que le réalisateur étatsunien Lionel Rogosin intitule son film ainsi, Arab Israeli Dialogue ? C’est en tout cas précisément le propos et le principe de son film : faire se parler deux personnes, l’une arabe palestinienne, l’autre israélienne. Deux intellectuels et artistes, Rachid Hussein et Amos Kenan. Deux personnes favorables à la paix et à la cohabitation, qui se parlent très franchement, depuis leurs deux points de vue. Notre programmateur Federico Rossin écrit : « Ce film est tellement loin du climat de notre époque, son humanisme et sa compréhension mutuelle sont tellement émouvants, que cette inactualité flagrante en fait une œuvre d’autant plus nécessaire aujourd’hui ».
Il y a de multiples manières de se battre. L’art en est une.
Et voilà encore un titre explicite : Rock Against Police. Du nom d’un mouvement culturel des années 80 dans les banlieues françaises. Triste rengaine : celui-ci vit le jour dans un contexte de répression permanente et de racisme policier systémique. « À l’époque, il ne se passe pas un mois sans qu’il y ait un gars, en général un arabe, qui se fasse buter par un flic ou par un beauf tonton flingueur, et donc ça, ça crée des rapport très tendus avec la police » entend-on. Rassemblements, concerts, événements : les choses bougent, les idées se répandent, la jeunesse se réapproprie un territoire. Le film revient sur tous ces événements. C’est le tout début des années 80, et ces luttes verront notamment un point de résonance important lors de la Marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983. (C’est le tout dernier jour pour regarder les films de notre Escale 1983, les sens de la Marche !!!)
John Heartfield, lui, découpait et collait des photographies. Cet artiste actif dans la première moitié du 20e siècle a su utiliser des principes artistiques nouveaux, nés notamment du dadaïsme – des jeux de montage, de collages, d’absurde et d’étrange – pour fabriquer un art politique et engagé. La montée du fascisme européen, du nazisme, la lutte contre un capitalisme mortifère, tout cela, il en fit des collages radicaux, violents, acerbes. Le film John Heartfield, Fotomonteur plonge dans ses œuvres – frappantes – et raconte la pensée de l’artiste dans un film qui joue lui-même avec l’animation et le collage…
Il y a le théâtre. Dans The Case You, cinq femmes – et la réalisatrice – utilisent la scène comme lieu où recueillir la parole. Toutes reviennent sur une expérience commune : les abus dont elles ont été victimes de la part d’un metteur en scène lors d’un casting. C’est une mise en commun, une rébellion collective. Carolin Ziemann, notre programmatrice, écrit : « Le film réussit ainsi trois choses : il continue à dénoncer les violences existantes, révèle comment les agressions sont encore aujourd’hui structurellement permises et sont par la suite banalisées, et il libère les femmes de la fausse honte qui rend si difficile la désignation des auteurs ».
Mais pour se battre, parfois, il faut « simplement » se battre. Le parcours de Chelsea Manning est en cela frappant et XY Chelsea en raconte une bonne partie. Le film suit la lanceuse d’alerte et activiste, au présent, avec son entourage, ses avocats, libérée de prison, réincarcérée, attaquée sur les réseaux, shootée par Vogue Magazine, intervenant dans des conférences ou des manifestations, en campagne pour le Sénat étatsunien… Mais le film revient aussi sur son passé, son enfance, son engagement dans l’armée, sa transition de genre pendant son séjour en prison (elle était alors condamnée à 35 ans pour trahison) et raconte la violence subie de toute part et les multiples murs qu’elle a dû contourner ou tenter de détruire…
Enfin, nous vous invitons à plonger dans la fiction ! Après « La rencontre » et le « Cinéma direct », voici que notre Traversée documentaire arrive à son 3e épisode. Et cette fois-ci nous évoquons ce que peut produire la fiction dans le monde documentaire, avec un film de Sophie Letourneur, Roc & Canyon. Un séjour en colonie de vacances, l’été, les amours nouvelles… Pour en lire un peu plus et pour voir la vidéo, c’est ici !
Bons films !