“Parfois nous avons la chance de pouvoir choisir le moment, l’arène ou la manière de notre révolution mais le plus souvent nous devons nous battre où nous nous trouvons.” – Audre Lorde, Sister Outsider, 1984.
Ces paroles de la poétesse féministe et afro-américaine sont citées en ouverture de notre Coup de cœur de la semaine. Dans Freedom Fields, l’arène est un terrain de foot en Lybie. Pendant cinq ans, la réalisatrice anglo-libyenne Naziha Arebi a suivi la détermination de trois amies membres de l’équipe nationale libyenne. Alors que leur pays sombre dans la guerre et que les espoirs de la révolution s’éloignent, les footballeuses vont défendre leur droit de continuer à jouer et de disposer de leur corps dans une société en pleine crise, où le mariage et la maternité semblent être les seuls horizons. Un hymne à la sororité et à l’esprit d’équipe.
Il est question de femmes également dans Les Années de l’italienne Sara Fgaier. Ou plutôt, de la voix d’une femme qui parle de beaucoup d’autres. Dans ce court essai, celle qui fût aussi la monteuse et complice du réalisateur Pietro Marcello fait se rencontrer des extraits du texte d’Annie Ernaux avec des images d’anonymes conservées par la cinémathèque de Sardaigne. Ces archives familiales nous montrent des femmes sardes dans leur vie, à la plage, lors de banquets ou voyages… Tournées en pellicule, abîmées ou tâchées, leur fragilité résonne avec les mots de la grande écrivaine française : “J’ai peur d’avoir vécu sans m’en rendre compte”. L’histoire intime est encore une fois collective.
Du collectif, il y en a chez Bel Maille. Pendant de longs mois, les ouvriers de cette usine de filage vont faire bloc face à leur patron. Dans Des Bobines et des hommes sorti en salle en 2017 et à retrouver sur notre nouvelle Plage 7e Séance, Charlotte Pouch nous raconte un huis clos social dans un univers presque exclusivement masculin. Ces mécaniciens-tricoteurs doivent affronter la mise en redressement puis la liquidation de leur outil de travail. Esprit de classe, esprit de lutte face au gâchis et aux bassesses d’un saccage financier.
Devons-nous nous battre pour contrôler nos données ? Les geeks du Chaos Computer Club n’en doutent pas. Dans All Creatures Welcome, la réalisatrice allemande Sandra Trostel nous fait découvrir l’univers libertaire des membres de cette association de hackers, la plus importante d’Europe. Elle nous plonge notamment dans les rassemblements qu’ils organisent, véritables laboratoires pirates pour reprogrammer non seulement nos logiciels mais aussi la société.
À découvrir également, la cité de la Maladrerie à Aubervilliers, utopie sociale et architecturale racontée en chanson par ses habitants dans Les chants de la Maladrerie de Flavie Pinatel et le réalisateur radiophonique Yann Paranthoën, dans Au fil du son, le portait-hommage que lui rend Pilar Arcila.
Bons films !