Pour cela, suivons d’abord Steve James, réalisateur américain à l’engagement politique et citoyen, dont nous sommes heureux de vous présenter deux films.
Dans Stevie, Steve filme Stevie. En retournant à la rencontre de celui dont il était “Grand frère” dix ans auparavant, le réalisateur découvre un jeune homme pris dans de multiples conflits, vivant sa vie chichement à Pomona, Jackson County, South Illinois. Stevie n’est pas un enfant de chœur. Il risque une lourde peine de prison, pour des faits a priori très condamnables. Steve James l’accompagne, le soutient, se met en scène à l’image, dans une position inconfortable, et pas toujours glorieuse. En résulte un film singulier, que le réalisateur décrit lui-même comme “[son] film le plus difficile à faire. Le plus honnête, aussi. Et le plus triste.”
Des “interrupteurs de violence”. C’est, traduit littéralement, le titre des personnes que Steve James suit dans The Interrupters. À Chicago, ils sont ex-délinquants, et descendent dans la rue lorsque des conflits se dessinent, et lorsqu’ils risquent de se concrétiser — possiblement à coups de feu. En racontant le quotidien de leur mission, le réalisateur nous plonge dans les ghettos noirs de Chicago, à la rencontre d’une violence omniprésente, dont les noirs sont eux-mêmes les victimes, encore et toujours.
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Mais la violence de Satan, c’est tout de même une autre affaire.
Liberami, prix Orizzonti à Venise en 2016, nous entraîne en Sicile, où des prêtres exorcistes se donnent pour tâche de libérer du mal des personnes “possédées”. C’est, dans un premier temps, extrêmement impressionnant. Ce que l’on connaît de la transe, ce que l’on connait du cinéma d’épouvante, tout est là, oui. Mais c’est là, avec des personnes que l’on rencontre, et leurs désarrois, leurs conflits personnels, leurs addictions… Des personnes qui, n’ayant pas trouvé de réponse à leurs maux dans la psychologie, se disent un jour : “le problème ne serait pas humain“. Ou à qui l’on dit cela. Au-delà du spectaculaire, c’est un film sur la faiblesse humaine, et sur le besoin de soin et de guérison de chacun. Et ce paradoxe : “je vais bien quand je ne prie pas…”
Retrouvez deux autres films italiens dans notre programmation : L’Argent raconté aux enfants et à leurs parents, de Claudio Pazienza, drôle de réflexion sur l’argent, les désirs et les besoins. Et Grano Amaro, qui suit la campagne municipale dans la ville natale de Mussolini, héritage pas forcément très léger… — un film soutenu par Tënk et Mediapart !
Bons films !