Quatre films de Jean Eustache réunis sur Tënk cette semaine !
Quatre documentaires tournés par le réalisateur du génial La Maman et la putain, qui comme nul autre a su interroger les rapports entre fiction et documentaire. Odette Robert, d’abord, dans lequel Eustache filme “tout simplement” sa grand-mère, sur 2 magasins de caméra pleins, pas plus, pas moins, réalisant là un film de parole important, qui interroge nos héritages et l’imbrication de nos destins personnels avec les mouvements de l’Histoire… Dans Le Cochon, réalisé dix ans auparavant, peu de parole : on abat et dépèce un cochon, “tout simplement”, encore une fois. Ici, c’est l’intérêt d’Eustache pour les rituels qui se révèle – ou se confirme.
Car les rituels, Eustache s’y intéresse plus que jamais dans les deux “Rosière de Pessac”. Revenant dans sa ville d’origine, il filme le processus d’élection de la “Rosière”, jeune femme distinguée tous les ans par les notables de la ville pour sa “grande vertu”… Réalisés à 11 ans d’écart, les deux films sont conçus “avec cette idée que si on filme la même cérémonie qui se déroule sous tous les régimes, toutes les Républiques, on peut filmer le temps qui passe […] je voudrais que les deux films soient montrés ensemble : d’abord celui de 79, ensuite celui de 68. Une façon de dire aux gens : si vous avez envie de savoir comment ça se passait avant, restez, vous allez voir”.
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Nous ne les avons pas comptés, mais nous estimons – à la louche – que le nombre de mots entendus dans Un nouveau produit est à peu près équivalent au nombre de mots entendus dans Gilles Deleuze : qu’est-ce que l’acte de création ? D’un côté la conférence d’un philosophe, sur le thème de l’idée en cinéma. De l’autre, des réunions de consultants cherchant à booster la productivité de leurs clients. Nous vous proposons ici cette expérience limite : regarder les deux films l’un après l’autre. Afin d’expérimenter ce qu’est la qualité d’une parole. Ce qui remplit les mots. Ce qu’ils veulent dire ou ne pas dire, s’ils veulent ou non dire quelque chose, s’ils ont même l’ambition de signifier quoi que ce soit. De part et d’autre, on invente des concepts, on manipule des idées… alors, Deleuze et QT Consulting, même combat ? À vous de voir…
Retrouvez enfin ci-dessous les deux autres films qui composent notre belle programmation de la semaine, deux films où la vie gagne : Nothingwood, de Sonia Kronlund, sorti en salles en 2017, où l’excentrique Salim Shaheen tourne ses excentriques films dans la réalité d’un Afghanistan perpétuellement blessé. Et Salto Mortale, qui raconte comment, justement, on peut se relever de ses blessures avec courage et panache !
Bons films !