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•• Cette semaine sur Tënk – Il va y avoir du sport !

1 septembre 2023

« Il ne faut pas politiser le sport » disait l’un à l’occasion de la coupe du monde de football masculine de 2022. Un autre, Pierre de Coubertin, disait, en homme de son temps : « Le jeune sportsman se sent évidemment mieux préparé à partir à la guerre que ne le furent ses aînés et quand on est préparé à quelque chose, on le fait plus volontiers ». Le même de Coubertin disait aussi : « Une petite olympiade femelle à côté de la grande olympiade mâle. Où serait l’intérêt ? ». Mais il ne faut pas politiser. C’est certainement ce que doit aussi penser dans sa tête le président de la fédération de football espagnole (un homme de son temps) après la récente victoire de son pays en coupe du monde féminine.

Bref : notre Escale de la semaine – Il va y avoir du sport ! – s’intéresse aux mille manières dont le sport est lié à la société !

L’association Autour du 1er mai, membre du réseau de la Cinémathèque du documentaire, a réuni six films qui témoignent de ces liens entre sport et société. Et c’est Edgar Morin qui en parle explicitement dans Regards sur le sport. Nous jouons, et nous aimons la compétition, et nous aimons assister à des compétitions, nous réjouir des victoires et des combats. Pourquoi donc ? Pourquoi nous réunissons-nous si nombreux sur les bords des routes du Tour ou dans les stades ?

(Juste une info en passant : savez-vous que le plus grand stade du monde est celui de Pyongyang ?)

Il sera question de football, dans cette Escale – ce sport qui fait chanter les foules et signer les chèques. Ce sport qu’on joue à chaque coin de rue et qui parfois, souvent, peut devenir un outil de travail social. Dans Just Kids, on suit l’équipe de l’association Melting Passes, à Paris, qui offre aux mineurs isolés étrangers la possibilité d’intégrer un club de foot – la Fédération française de football exigeant des papiers en règle. Le film raconte les entraînements, les matches, les victoires : une véritable équipe dont les membres se confrontent chaque jour à de multiples obstacles administratifs et au risque sourd d’être, à leur majorité, renvoyés vers leur pays d’origine…

Football encore dans En terrain libre : cette fois-ci à St-Ouen, en Seine-Saint-Denis. C’est après avoir mené un atelier cinéma avec des jeunes footballeuses de la ville que les réalisatrices ont décidé d’en faire un film, une « comédie musicale documentaire » ! Et ici aussi la partie se joue sur le terrain autant que dans la vie du dehors : là et là, les jeunes femmes doivent se ménager leur propre place et conquérir leur liberté…


Faisons quelques pas dans le passé, en 1966, avec Les Rendez-vous de l’été, de Jacques Ertaud. Le cinéaste, spécialiste notamment de documentaires sportif ou d’exploration, filme les athlètes au travail comme un peuple particulier. Filmer le sport est depuis longtemps une zone d’expérimentation pour les cinéastes, zone de créativité, de lyrisme possible, de plaisir formel. Les souffrances et les plaisirs des athlètes, leurs corps et leurs efforts, voici tout ce que montre ce film, qui tranche avec les représentations télévisuelles contemporaines !

En 1977 le skateboard avait débarqué en France depuis peu d’années – venu des States évidemment. Le Jardin des planches, de Monique Barrière, se pose au Trocadéro, à Paris, et profite du spectacle des gens, nombreux, qui viennent rouler, sauter et slalomer sur leurs planches. Ici, tout le monde découvre : la cinéaste (qui s’amuse elle aussi avec la glisse et la caméra), le public, mais aussi les praticiens ! Tout est nouveau et c’est aussi un nouvel usage de la ville qui se fait jour : un vaste terrain de jeu à explorer !


Finissons avec une histoire pas croyable. Celle de l’équipe de volley japonaise dans les années 60, dont les joueuses furent surnommées Les Sorcières de l’Orient. Record non égalé : elles ont remporté 258 victoires d’affilée ! Julien Faraut (réalisateur de L’Empire de la perfection (en location) et par ailleurs chargé du fonds des collections audiovisuelles de l’INSEP – Institut national du sport, de l’expertise et de la performance), nous emmène, grâce à d’incroyables archives et aux témoignages des protagonistes aujourd’hui septuagénaires, dans l’histoire de cette équipe atypique, formée initialement de jeunes ouvrières qui enchaînaient travail et entraînements sur un rythme quasi surhumain… Les sacrifices furent nombreux, la discipline de fer… Le but : remettre son pays sur la scène internationale ! Le but : faire triompher le Japon ! Le but : l’or olympique !

Bons films !