“Pourquoi j’étais là ?”
Ces mots, ce sont ceux d’Emmanuel Carrère. En cette semaine de prix littéraires, nous vous proposons de marcher dans les pas du fameux écrivain et cinéaste d’origine russe. Notre Coup de cœur de la semaine, Retour à Kotelnitch, est le premier film réalisé en 2003 par l’auteur de L’Adversaire et qui a notamment nourri son récit Un Roman Russe. Au-delà d’un terrible fait divers, l’assassinat de la jeune Ania qui lui servait d’interprète, Carrère interroge son obstination à revenir dans cette petite ville située à 800km de Moscou. Un chemin tortueux sur les traces de fantômes, de ceux qui planent sur ce pays complexe et sur sa propre histoire intime. Sans doute son film le plus personnel.
De littérature, il est également question cette semaine avec Claude Simon. Quelques années après avoir reçu le prix Nobel, l’écrivain se prête au jeu de l’entretien. 43 minutes rares et tout en retenue pour découvrir sa fabrique de l’écriture et de ses “nouveaux romans”.
Est-ce que seule la fiction peut nous permettre d’approcher le réel ? Avec Tabou, le cinéaste portugais Miguel Gomes nous amènent sur les terres de la fable pour mieux nous faire embrasser le cinéma qu’il aime, encore muet, celui de l’époque de Murnau et les méandres de la colonisation. Un récit en deux chapitres où la saudade, cette âme portugaise, permet d’approcher le paradis du point de vue de la perte.
Les fantômes des empires coloniaux portugais et français ont également planés cette année sur le Festival Doclisboa où vient de s’achever une importante rétrospective intitulée “La Question coloniale”. Sa curatrice, Amarante Abramovic, nous présente trois films issus de cette programmation :
Afrique-sur-Seine, souvent présenté comme le 1er film réalisé par des cinéastes d’Afrique subsaharienne. Empêchés de tourner dans leurs pays encore sous domination française, les membres du Groupe africain de cinéma braquent la caméra sur la capitale coloniale.
Rostov-Luanda, un film enquête dans lequel le cinéaste mauritanien Abderrahmane Sissako par sur les traces d’un ancien camarade de l’école de cinéma de Moscou et nous livre, à la toute fin des années 90, un portrait de l’Angola secoué par près de trois décennies de guerres coloniales et civiles.
Dans Nhinguitimo, le cinéaste Licínio Azevedo, doyen du cinéma mozambicain, adapte une fable politique sur la rébellion d’un jeune ouvrier agricole contre les colonisateurs. Un court métrage en noir et blanc qui donne à réfléchir aux échos biens actuels de l’exploitation des territoires africains.
Et pour finir, nous vous offrons un cadeau. À l’occasion de la sortie en salle de Ariaferma, la dernière fiction du cinéaste italien Leonardo di Costanzo, son film Cadenza d’inganno est accessible gratuitement. Vous pouvez voir, revoir ou partager l’histoire du jeune napolitain Antonio jusqu’au 18 novembre.
Bons films !