Des bouffons, des espadons.
Il fut un temps où des gens bien se réunissaient entre eux pour célébrer le fait qu’ils étaient vraiment des gens bien, et qu’ils étaient satisfaits, et qu’ils se trouvaient vraiment magnifiques. Il y avait là toute sorte de gens bien : des politiciens, des artistes, des financiers, des “rois de la pizza congelée” et des “éditorialistes serviles”… et ils avaient tous des barbes, des moustaches, des intérêts communs, des rivières de diamants et des verres bien remplis levés sous le nez des autres gens.
C’était en 1985, à Montréal. Pierre Falardeau, dans Le Temps des bouffons, les filme avec une rage jubilatoire. Et si quelques aspects de notre environnement politique contemporain vous chiffonnent, nous vous conseillons ce film avec vigueur, ça vous fera le plus grand bien.
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Rien n’est long, cette semaine, sur Tënk, à l’occasion du festival du court métrage de Clermont-Ferrand. Mais la palette des émotions est large. Il y a de la rage, encore, saine rage, chez Melissa la lutteuse, dans ¿Me vas a gritar? Il y a le dégoût d’Animistica, qui nous confronte à ce que nous voyons rarement de la nature : son pourrissement.
Il y a aussi toute la vulnérabilité des hommes. Elle se révèle dans Love He Said, où Charles Bukowski, très touchant, loin de ses provocations, dit sa soif de tendresse, bien plus que de bière. Et dans le très beau Photo jaunie, geste immensément tendre et émouvant d’une fille pour son père disparu…
Enfin, ne manquez surtout pas l’occasion de (re)découvrir l’impressionnant art du son, du montage et de l’image de Vittorio de Seta, dans Le Temps de l’espadon, court métrage de 1955. Un film dans lequel des gens bien se réunissent entre la Sicile et la Calabre pour ramer, laver du linge, tuer un espadon et puis chanter et puis danser.
Bons films !