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•• Cette semaine sur Tënk – Callas dans la forêt

20 octobre 2023

Les bombes continuent de tomber sans discernement. La guerre au Moyen-Orient est sur tous les écrans. Nous avons réuni sur cette page des films en location qui se déroulent en Palestine, en Israël, qui parlent de guerre, d’occupation, de vie quotidienne. Quelques films pour prendre le temps de regarder autrement.


« Modère, ô Déesse, modère des cœurs enflammés, modère à nouveau l’audacieux enthousiasme. Répands sur la terre cette paix que tu fais régner dans le ciel » dit Norma, dans l’opéra de Bellini. Chanté par Maria Callas, ça rend pas mal. Voire, c’est assez convaincant.

Nous vous proposons cette semaine un portrait-autoportrait de la cantatrice qui disait d’elle-même : « Je voudrais être Maria, mais il y a La Callas – il faut que je sois à la hauteur ». Une telle dissociation valait bien un film ! Et Tom Volf choisit de faire parler la diva en réalisant « le premier film qui raconte l’histoire de la vie de la légendaire cantatrice gréco-américaine exclusivement selon ses propres mots ». Des entretiens qu’elle a donnés, bien sûr, des archives inédites, mais aussi, surtout, des lettres, des écrits personnels, lus par la comédienne Fanny Ardant. Cela donne une plongée intime dans cette vie fascinante et dans une voix, une voix que le film laisse écouter. Et on vous la conseille, la voix de Maria Callas : ça rend pas mal. C’est dans Maria by Callas.


Notons que le tout dernier film réalisé par Agnès Varda en 2019 s’intitule Varda par Agnès. Coïncidence ? Toujours est-il qu’après Les Glaneurs et la glaneuse la semaine dernière, vous pouvez aujourd’hui découvrir la suite ! Deux ans après – comme son nom l’indique : deux ans après la sortie de son film documentaire qui connut un grand succès, que se passa-t-il pour Agnès ? Que se passa-t-il pour les personnes qui figuraient dans le long métrage sorti en salle ? Varda reçut du courrier, beaucoup de courrier. Elle reçut des patates aussi. Et tout le jeu de rencontres que le premier film avait mis en boîte se perpétua, fit des petits, engendra d’autres rencontres…


Il se dit que les hommes ont cette fâcheuse tendance à imposer aux sociétés des traditions qui leur sont favorables. S’il fallait un nouvel exemple, voici Amchilini. C’est au Tchad, dans le village dont est originaire le réalisateur du film, Allamine Kader Kora. Amchilini consiste à obliger les femmes restées « trop longtemps » célibataires à choisir un mari. Mais il se dit aussi que les traditions de ce type commencent à ployer, que la résistance des femmes se construit et s’impose. Comment cela se passe-t-il, dans cette communauté ? Comment la liberté se gagne-t-elle face à un patriarcat qui comme tout bon patriarcat rechigne à se remettre en cause ? Il faut ruser, trahir, être indociles… et modifier ainsi le cours pas si tranquille des choses.


Allez, finir avec un peu de forêt.

« Il s’agirait de s’immerger dans la saveur de l’humus et le crépitement des feuilles tapies sous nos pas » annonce notre programmatrice Julia Pinget. Voilà le programme de Vers ce lieu enfoui, de Alexis Jacquand. Ça nous va. À la suite d’un vieil homme chasseur à l’arc et d’une bande d’enfants, partir découvrir les profondeurs du « milieu », voyager dans la forêt et peut-être aussi un peu dans le temps, entre les générations, aller chercher « l’écho d’un monde lointain et sans âge, ce lieu enfoui vers lequel la forêt nous entraîne »…

Et puis il y a la forêt de Bercé, dans la Sarthe. Dans les années 70, un ingénieur des Eaux et Forêts, Armand Chartier, fait des films pour le ministère de l’agriculture. Là, il filme une année de travail d’Édouard, un émondeur – bûcheron acrobatique se perchant à la cime des arbres. Il fait la Chronique de Bercé, avec les gestes impressionnants du travail et le registre patient des actions qui jalonnent l’an. Il raconte enfin une France rurale d’une époque qui nous paraît très lointaine, le foyer d’Édouard, sa famille, son souper. Tout cela est sublime. Ce film de commande pour le ministère de l’agriculture, c’est un beau film poétique, en pellicule, aux lumières magnifiques. Il s’agit de s’immerger dedans comme dans l’humus.

Bons films !