“Chaque être humain est à la fois dans une certaine dimension individuelle et à la fois dans une autre dimension. Il comprend son milieu est c’est le dialogue entre les deux dimensions qui est l’être humain complet. Donc c’est ça que nous devons cultiver.”
Ces mots du géographe et philosophe Augustin Berque accompagnent le film Milieu, sur notre plage Écologie, qui tente l’expérience de nous plonger un temps dans les montagnes et forêts de l’île de Yakushima au Japon, peuplée de divinités et de cèdres japonais. C’est un film plein de vent mouillé, chargé de la menace d’un typhon, mais une menace tranquille, presque. Parce que pour les habitants de l’île il s’agit justement de l’accepter, ce typhon. De vivre avec, et même d’en faire partie, en quelque sorte. Être en lien avec son milieu, c’est peut-être cela : garder un visage paisible lorsque le typhon, au dehors, se déchaîne.
Il y a loin de Yakushima à la Bretagne. Dans Au pied de la lettre, Gérard, ex-illettré, lutte pour faire partie du monde en apprenant à lire, et donc à le lire, pour ne plus en être un corps étranger. C’est un film qui nous attache fort à son personnage et nous emmène à sa suite, dans les défis incertains qu’il se lance, dans ses difficultés à trouver ses repères. “C’est tellement simple pour vous et tellement compliqué pour moi.” dit-il. Et l’on espère, en sortant du film, qu’il parvienne à garder un jour un visage paisible… Notre Coup de cœur de la semaine !
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5 autres films cette semaine sur nos plages !
Il s’agit de travail, dans Le Loup d’or de Balolé, qui s’intéresse, de manière très attentive, à l’exploitation des travailleurs et à leurs désirs d’auto-organisation, dans une immense carrière de granit à Ouagadougou. Travail encore, dans Il gesto delle mani : le geste des mains des artisans, de ceux qui fabriquent, concrètement, l’œuvre d’un artiste. Et travail toujours : Le Facteur humain transpose malicieusement le taylorisme aux tâches ménagères, révélant l’emprise des théories du management sur nos vies…
Sur la plage Histoire et politique, Mauvaise conduite questionne les normes morales, sexuelles et sociales qu’imposent les révolutions, et en particulier celle de Cuba, à travers les témoignages d’insoumis au régime, d’intellectuels et d’homosexuels exilés. Un film co-réalisé par Orlando Jiménez Leal et Néstor Almendros, qui fut notamment chef opérateur de Truffaut, Rohmer, Schroeder, Mallick…
Enfin, dans Revision, Philip Scheffner revient sur un jugement — non coupable — rendu après la mort de deux roumains en 1992 en Allemagne. À sa manière à la fois tenace et sensible, il interroge plusieurs années après les témoins et protagonistes de l’affaire, livrant un film-enquête singulier, qui laisse une grande part au doute et se fraie un chemin à travers les multiples vérités…
Bons films !