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•• Cette semaine sur Tënk

22 mai 2020

Nos vies sont des feuilletons, qu’elles soient faites de rebondissements permanents ou de quotidien rodé. Nous avons tous quelque part un exil, une séparation, un déchirement qui nous fait nous tenir là, maintenant. Dans Retour à Genoa City, Benoît Grimalt cherche à faire parler sa famille, italienne d’origine, passée par l’Algérie et atterrie à Nice. Et il constate cela : qu’il est aussi difficile de raconter sa vie que de rendre compte de 3 827 épisodes d’un feuilleton suivi quotidiennement depuis 20 ans. Alors le film se charge de dire, de manière tendre et drôle et inventive, ce que Mémé et Tonton Thomas ne formulent pas, ou plus, ce qu’ils retiennent en eux, dans leur appartement petit. Et c’est un bel hommage et on en sort émus.

Dans Mme B., histoire d’une nord-coréenne — autre film issu de notre programmation spéciale non-Cannes — les péripéties sont multiples. Jéro Yun suit cette femme ayant fui la Corée du Nord dans sa recherche d’un endroit où vivre. De la Chine où elle a été achetée et mariée, jusqu’à la Corée du Sud où elle retrouve mari et enfants, en passant par un périple clandestin à travers l’Asie du Sud-Est, le réalisateur s’engage entièrement à sa suite et nous offre le portrait d’une femme qui nulle part est chez, et dont la vie personnelle est toute entière fonction de la géopolitique…

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The Silence of Green parle d’une épidémie gérée de manière catastrophique par le gouvernement d’un pays. Catastrophique, voire criminelle. Il s’agit de la fièvre aphteuse, en Grande-Bretagne, en 2001. Plus précisément dans le Yorkshire du Nord, où l’on estime que 6 à 9 millions de bêtes ont alors été abattues. De cette tuerie de masse (“mass murder”), Andreas Horvath tire un film puissant et lyrique, qui mêle le bucolique à l’abominable, et dont notre programmateur Jürgen Ellinghaus parle brillamment : Andreas Horvath confère à son film un genre particulier. Celui d’un requiem, liturgie des temps modernes avec un agnus dei qui devient ici animal sacrificiel bien réel, mais sans lueur d’espoir, ni de paix, ni de pitié.

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Découvrez ci-dessous le reste de notre programmation : Eaux Noires, d’abord, de Stéphanie Régnier (réalisatrice du très beau Kelly), dont le traitement du son a attiré les oreilles attentives de notre plage Écoute. Guy Moquet, ensuite, une fiction urbaine passée par la Quinzaine des Réalisateurs en 2014. Et enfin deux films de l’école ZeLIG, en Italie, sur notre plage Premières Bobines.

Bons films !