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•• Cette semaine sur Tënk – Résister

6 janvier 2023

Dans Détruire rajeunit, de Benjamin Hennot, les grévistes de l’hiver 1960-61 en Belgique résistent en cessant le travail. La foule est grande, la mobilisation large, la grève, générale. Le pays est bloqué, comme on dit, mais… non. Au contraire : le pays est en ébullition, il agit, il bouge, il se bat contre un projet de “loi unique” que le gouvernement veut imposer (toute ressemblance…). Vous verrez que le pays, dans ce moment-là, est jeune – et le film en rend compte d’une manière étonnante, que nous vous laissons découvrir. À 80 ou 20 ans, ces grévistes sont jeunes, oui.

Dans Cas n°1, cas n°2, de Abbas Kiarostami, les élèves d’une classe iranienne en 1979 résistent en refusant de dénoncer l’un des leurs, coupable d’avoir chahuté. Ou bien ils le dénoncent (ça, c’est dans l’autre cas). On y voit différents intervenants – fonctionnaires, responsables religieux, intellectuels – prendre parti sur le dilemme moral que posent les deux cas différents qui leur sont présentés. Une passionnante réflexion sur les notions de dénonciation ou de résistance, de solidarité et de liberté de choix. Réalisé dans les premiers mois de la révolution iranienne, et censuré dès sa sortie, “il capture, selon Federico Rossin, une période d’extraordinaire ouverture et de liberté d’expression qui ne durera que quelques mois, avant que l’islamisme chi’ite radical ne s’impose sous la forme d’une dictature sanglante qui dure depuis 43 ans”.

Dans Free Angela, de Shola Lynch, Angela Davis résiste, comme elle l’a fait toute sa vie. Ce portrait de la grande militante étatsunienne donne accès à l’histoire incroyable et pleine de rebondissements de cette femme noire accusée à tort d’acte criminel. Et nous raconte comment derrière le slogan “Free Angela” se constitua un combat durable et collectif. Et comme nous dit Pauline David, qui programme le film : “Quoi de mieux pour commencer l’année que ce joyeux appel à la résistance contre toute forme d’arbitraire ? À regarder sans modération seul·e, entre ami·es ou en famille.”


Nuisibles, entre autres : les renards, les sangliers, les pies bavardes, les putois, les corbeaux. On pourrait peut-être y ajouter les engrais azotés et les néonicotinoïdes. Ou bien les immenses champs de maïs à découvert. Bref : dans Nuisibles, Fanny lutte contre les corbeaux gourmands de graines. Elle fait office d’épouvantail vivant, au milieu des champs. Un film qui oscille entre le drôle, le dramatique et l’absurde, “un doux pamphlet écologiste aux allures de science fiction”, selon Julia Pinget.

Absurde aussi, en apparence : importer des Van Gogh depuis la Chine. Copyright Van Gogh se plonge dans la petite ville de Dafen, où l’on fabrique par milliers des répliques de toiles de peintres occidentaux. Une véritable usine où tout se fait à la pointe du pinceau ! Et où vont-elles être envoyées, ces toiles ? En Europe, pardi ! Où va-t-il être vendu, ce Van Gogh ? À Amsterdam, pardi ! Absurde ? Oh non, juste un concentré du commerce mondial.

Finissons avec de l’art, encore. Comment peut-on faire un film en forme de ruban de Möbius ? Vous le découvrirez en vous laissant embarquer dans Communicating Vessels. Troublante expérience qui questionne les hiérarchies, bouscule nos repères et nous transforme en… vases communicants. Nous sommes tous et toutes des vases communicants, le saviez-vous ?

Bons films !