εμπαθεια.
C’est un joli mot, “empathie” : comprendre, “de l’intérieur”, les souffrances d’autrui. Et, plus largement, se mettre à la place de son prochain. C’est ce mot qui vient à notre programmateur Olivier Barlet pour désigner le cinéma de Dalila Ennadre. Nous souhaitions cette semaine rendre hommage à cette réalisatrice franco-marocaine disparue l’année dernière, avec deux de ses films, qui témoignent de son approche affectueuse du réel.
Dans Des murs et des hommes, la Médina de Casablanca se raconte, à travers sa propre voix, et celles de ceux qui peuplent ses ruelles. Et dans J’ai tant aimé, c’est la voix de Fadma, qu’on entend, entrecoupée d’un rire intempestif. Fadma, engagée comme prostituée par l’armée française pendant la guerre d’Indochine, et qui parle d’amour et de liberté, toujours : “celui qui n’a pas d’amour n’a aucune vie dans ce monde“. Et : “Toute ma vie j’ai été indépendante. J’ai toujours été libre… Libre… Je n’ai jamais laissé quelqu’un me coloniser“. Et c’est elle-même qui parle de la belle approche de Dalila Ennadre et de leur rencontre, qui s’est faite au tournage : “nous nous sommes connues et ce fut parfait !”
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Nationalité immigré est un manifeste politique et cinématographique. Le réalisateur, mauritanien, raconte sa propre vie dans le Paris des années 70, ainsi que celles de ses compagnons immigrés noirs. Tourné sans argent, sur plusieurs années, le film remet en scène les multiples difficultés qu’ils traversent dans le quotidien, de travail, d’argent, de logement. Et c’est aussi pour le réalisateur une manière de décoloniser le cinéma, de le prendre en main, lui qui affirmait alors que les cinéastes africains commençaient “à élaborer des plans de bataille pour l’indépendance cinématographique“.
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Retrouvez ci-dessous les trois autres films programmés cette semaine sur Tënk : Jean Ziegler, l’optimisme de la volonté emboîte le pas du célèbre homme politique et altermondialiste, pourfendeur du capitalisme financier, lors d’un voyage à Cuba, questionnant ses convictions et cherchant un chemin entre le pessimisme de l’intelligence et l’optimisme de la volonté…
Pedra e poeira emboîte d’autres pas : ceux d’un enfant vivant à Fordlândia, cité caoutchouteuse brésilienne fondée par Henry Ford pour y pomper un maximum de résine d’hévéa destinée à la fabrication de pneus. Cité aujourd’hui abandonnée par l’industrie, et dans laquelle le jeune Kayna nous promène, passant de considérations sur le jus de murici (qui est un fruit petit, rond et jaune, avec une chair claire), à la visite d’usines désaffectées…
Enfin, un titre d’actualité : Serviteurs de l’État. Le quotidien de ceux qui se destinent à la carrière de policiers, en Allemagne. Gageons que leur motivation première tient effectivement dans cette mission : servir l’État. Agir dans le cadre de la loi. Protéger la constitution.
Bons films !