Les psychiatres, c’est un peu comme Jésus. Ils sont capables, au nom de leur science, de dire à un jeune homme : “lève-toi et marche !”. Et puis il marche. Ou bien de rendre la parole ou la mémoire, en un clin d’œil, à une bande de soldats bien abîmés psychologiquement par leurs séjours outre-océans pendant la deuxième guerre mondiale. C’est l’immense John Huston qui les filme, pour le compte de l’armée américaine, en 1945, dans ce film au titre bien biblique lui aussi : Que la lumière soit ! Il y montre les miracles vraiment très, très miraculeux de l’hypnose pratiquée par les médecins militaires américains, luttant contre ce qui ne s’appelait pas encore le trouble de stress post-traumatique. Mais il révèle aussi, peut-être pour la première fois, ce qu’aucune armée au monde ne veut montrer : des jeunes hommes meurtris, atteints au plus profond de leurs êtres, et dont on devine que la guérison sera longue et complexe. Pas de miracle : le film sera interdit par l’armée pendant près de 40 ans. Découvrez-le !
●●
Décidément, Tënk a un truc avec le soleil, les maillots de bain et les vacances à la plage en ce moment. Allez savoir pourquoi. Alors, tout le monde, direction Cergy-Pontoise !
Oui, c’est là que se déroule L’Île au trésor, notre Coup de cœur de la semaine. C’est un film d’été. L’été, que notre programmateur Aurélien Marsais décrit avec précision : “L’odeur du gazon grillé, des glaces, de la crème solaire, du plastique chaud des pédalos“. Dans une immense base de loisirs, Guillaume Brac pose sa caméra et scrute, de son regard tendre et acide, la communauté des baigneurs. C’est la drague, les jeux, les rencontres, mais aussi quelques solitudes, des histoires personnelles et intimes qui se racontent. En résulte “un conte d’été profondément sensoriel et cocasse qui vous réchauffe la peau et le cœur jusque dans l’hiver, en nous rappelant que l’enfance et le désir sont éternels.“…
●●
Trois courts métrages constituent notre programmation Premières Bobines, consacrée aux films de l’université Konrad Wolf Babelsberg, située à Potsdam, en Allemagne. Parmi eux, Tracing Addai est une très sensible – et frappante – plongée dans l’histoire d’un jeune homme parti en Syrie, pour “servir un but supérieur”… laissant sa mère impuissante face à cette perte. Un documentaire animé avec finesse, qui nous met devant un réel bien difficile à se figurer.
Retrouvez également cette semaine After Work, un film qui fut soutenu par Tënk lors de sa production. Une approche du travail, qui traverse la rue : d’un côté de celle-ci, l’industrie qui se meurt, et le collectif qui cherche à vivre. De l’autre, le monde libre et merveilleux du travail indépendant…
Enfin, cette question : peut-on concilier post-rock et petite enfance ? Vous trouverez la réponse dans Appel à l’anxiété générale !
Bons films !