Nous vous proposons de commencer cette très belle semaine de programmation en marchant un peu avec Jake dans les landes écossaises. Dans Two Years at Sea, de Ben Rivers, il faut se laisser porter, accepter de scruter la brume un moment, regarder fumer la bouilloire et profiter du grain noir et blanc de l’image, qu’on peut presque toucher. C’est un film d’hiver, un film sans parole, où l’on regarde ce personnage vivre sa vie, celle qu’il a choisie. Parfois, affairé, il répare des choses, ramasse du bois, range d’autres choses. C’est la vie pratique, ramenée à l’essentiel. Et d’autres fois, tout aussi affairé, c’est comme de la poésie : redoubler d’efforts et d’invention pour pouvoir flotter longuement sur un radeau. Juste pour ça. Ou bien, poser une caravane en équilibre à la cime des arbres. Parce que ça aussi, sûrement, c’est essentiel.
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Continuons en marchant avec Kabwita, le long des routes congolaises cette fois-ci. De la fabrication de son charbon à la vente du stock à la ville, Kabwita passe d’épreuve en épreuve, et nous le suivons au plus près, grâce à la caméra d’Emmanuel Gras, virtuose (c’est-à-dire simple et sans manière). Makala est un film éprouvant, physique, qui parle d’effort et de sueur. Et c’est un film magnifique, de ceux qui savent utiliser pleinement le cinéma pour toucher au but : le partage d’une expérience au spectateur. Notre programmateur, Pierre Oscar Lévy, en est convaincu : “Vraiment si vous voulez voir un film fort, avec une économie de moyens ascétique, c’est celui-là. Presque une prière. Vous allez oublier la pandémie.”
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Nous sommes une nouvelle fois très heureux de vous présenter un film soutenu par Tënk. Mathilde, de Marie Cavaillès, est une rencontre entre ladite Mathilde et ladite Marie, un dialogue pour explorer un certain rapport au corps – celui qui est un peu “trop” gros, un peu encombrant – et à son image. On nous regarde de travers, et on se regarde soi-même de travers ! Oui, tout est question de regard, à chacun d’en changer !
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Le Fipadoc, festival international de documentaire qui se tient tous les ans à Biarritz, est sur notre plage Festivals ! Cette année, qui – l’avez-vous remarqué ? – est un peu particulière, les projections biarrotes sont reportées à… plus tard. Nous vous proposons néanmoins ici 3 films : Dusk, sélectionné cette année, Once Aurora, qui a reçu l’an dernier le Grand Prix du documentaire musical, et enfin notre Coup de cœur, The Dam. Plus qu’un coup de cœur, même ! Nous lui avons décerné en 2020 le Prix Tënk de la jeune création ! C’est une très touchante histoire, celle d’un père et de son fils qui passent quelques jours ensemble dans la nature. L’objectif ? D’abord, dessaouler le père, complètement perdu dans l’alcool. Et ensuite, pouvoir enfin se retrouver, parler… communiquer de père à fils ! Il faudrait dessaouler tous les pères…
Retrouvez ci-dessous tous les films de la semaine, et en particulier Des profondeurs, une impressionnante descente sous terre, où la colère sociale gronde… “Des profondeurs je crie vers toi”… mais vers qui ?
Bons films !