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•• Cette semaine sur Tënk

18 septembre 2020

“1982 est une année commune commençant un vendredi” (wikipédia)

1981 : élection de François Mitterrand à la présidence de la République.
1983 : victoire de Yannick Noah au tournoi de Roland-Garros.
Mais entre les deux, en 1982, quoi d’aussi important ?

En 1982 furent réalisés trois films de notre programmation de la semaine. C’est déjà ça.

Cette année-là, au festival de Venise, fut présenté Il pianeta azzurro, de Franco Piavoli, réalisateur rare, qui signait là son premier long métrage. C’est un ample poème visuel, un hommage à la nature d’une forme absolument libre, qui regarde les blés, les étangs, la peau, le travail des Hommes et le vent. Un regard sensuel, lyrique et contemplatif, chef d’œuvre symphonique, et magnifique !

Dans Visite ou Mémoires et Confessions, Manoel de Oliveira nous invite à explorer sa maison, de manière intime et personnelle. À l’âge de 74 ans, en 1982, donc, le réalisateur portugais tournait ce film, envisagé d’emblée comme un film posthume. Ce qu’il ignorait alors, c’est qu’il vivrait encore 32 ans, jusqu’à l’âge de 106 ans ! Comme il est d’usage sur notre plage Écoute, notre programmateur François Waledisch nous fait tendre l’oreille vers l’utilisation du son dans ce film qui, loin d’être anodin, parvient à impliquer le spectateur et lui faire épouser de manière sensorielle le point de vue du réalisateur.

Pour la toute première fois dans une version inédite sous-titrée en français, nous vous invitons à découvrir Tobacco Embers. Ce film, réalisé par le collectif féministe indien Yugantar, relate et reconstitue les grandes grèves des ouvrières des usines de tabac au début des années 80, qui ont déclenché un large mouvement de syndicalisation en Inde. Une expérimentation passionnante de réalisation collective. Lisons Federico Rossin, notre programmateur : “Ce que Yugantar voulait est une voix collective, plutôt qu’une série de témoignages individuels. Ce film à l’apparence simple arrive à prendre en compte la parole politique en la recueillant, et en nous faisant entendre des discours qui parlent “avec” et pas “pour” les autres. Et pour une fois tout ça est vrai, ce n’est pas juste un slogan hypocrite.

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Et sinon, saviez-vous que les launeddas étaient des sortes de clarinettes polyphoniques traditionnelles sardes ? Dans Allegro Largo Triste, nous sommes invités à regarder et écouter Franco Melis, “sonneur de launeddas” et virtuose du souffle continu nécessaire à son jeu. En se concentrant principalement sur le visage du sonneur en plein travail, le réalisateur et artiste Aurélien Froment axe notre attention moins sur la musique elle-même que sur ce qui la produit : un morceau de bois savamment troué, des joues gonflées, des doigts d’une folle agilité — mains droite et gauche comme dialoguant dans une logique rythmique obscure — mais aussi toute une tradition, un passé, qui se logent dans les paysages sardes où résonne la musique…

Un autre moment, avec un autre artiste, lui poète, critique d’art et acteur haïtien : Dominique Batraville. Dans Les Flâneries du voyant, Aïda Maigre-Touchet nous invite dans son refuge, une chambre donnant sur cour, minuscule, remplie de livres. Là, il chantonne, récite des poèmes, relate quelques événements de sa vie, faisant résonner dans ce petit espace tout un passé et un dehors…

Retrouvez ci-dessous les deux autres films de notre programmation de la semaine, avec Los sueños del castillo (Les Rêves du château), qui plonge dans les rêves et cauchemars de jeunes détenus au Chili, nous les faisant rencontrer de manière intime et particulièrement touchante. Et enfin notre coup de cœur, Braguino, incroyable plongée dans une communauté isolée dans la taïga sibérienne, du réalisateur Clément Cogitore, également auteur du puissant Les Indes galantes (disponible à la location) !

Bons films !