Vivre : c’est l’ambition de Erik, dans Le Recours aux forêts. Le portrait d’un homme qui, se sachant malade, choisit le recul d’une cabane dans les bois. Et des gestes essentiels, pour se remettre dans l’esprit et dans le corps cette idée que pour survivre il faut savoir, par exemple, faire un feu. Pour survivre sans réseau téléphonique, s’entend. Il est question d’attention : à son propre corps, et à tout ce qui l’entoure, dont il fait partie. Filmé avec une grande délicatesse, Erik cherche la sérénité, comme une sorte d’acceptation finale, quelque chose d’une réconciliation. Et la forêt est pour cela sa complice.
Dans Prizma, Gnel a recours aux montagnes, celles du Haut-Karabakh, pour s’extraire des conflits du monde d’en bas et trouver la quiétude : “Sur la montagne, on ne déteste pas. Je ne voudrais même pas aimer sur la montagne. Sur la montagne j’aimerais juste voler. (…) Mais tôt ou tard on est obligés de redescendre. Auprès de notre nuée.” Alexandre Haldemann réalise là un premier court métrage au bel aplomb, au style tranquille, libre et lumineux.
Le film fait partie de notre plage Premières Bobines consacrée cette semaine à la HEAD-Genève : vous y trouverez une drôle d’errance en JapAnglais (Do You Know Akane Okai?), un multiple portrait d’un multiple père (Les Histoires vraies) ainsi qu’une réflexion sur l’art et/dans la politique (No Nos Representan).
“On est obligés de redescendre auprès de notre nuée”, dit Gnel. Mais avant cela, gardons encore un peu de recul, sur l’île Saint-Pierre — séjour idéal de Rousseau, propice aux rêveries et promenades, lorsqu’elle n’était pas encore presqu’île. Là, nous vous offrons d’assister à un long dialogue entre deux amis écrivains, Jean-Christophe Bailly et Philippe Lacoue-Labarthe : Entretiens de l’Île Saint-Pierre.
On y arrive enfin, à la nuée, celle d’en bas des montagnes, avec les deux derniers films de notre programmation : La Main Sanglante de l’Ulster, qui par des rencontres avec ses habitants fait un portrait de l’Irlande du Nord en 1996-1997, encore en situation de guerre civile. Et enfin, Quelque chose de grand : une plongée impressionnante au sein des équipes d’ouvriers qui travaillent sur un immense chantier. Dans cette nuée, on découvre des relations de travail et d’amitié intenses, des êtres extrêmement touchants, au milieu du béton armé.
Bons films !