Nous tenons aux images.
Celles du monde qui nous entoure, de notre voisinage ou du lointain. Celles, réfléchies, qui passent par un regard de cinéaste : Tënk défend les auteurs et leur liberté. Notre métier consiste à proposer des films qui nous font voir et entendre ce que des personnes un jour ont filmé quelque part. Et pour mieux comprendre le monde qui nous entoure, pour mieux le penser, nous avons notamment besoin de voir l’image d’un policier qui abat sa matraque sur la mâchoire d’un manifestant.
La loi “sécurité globale” est à faire reculer à tout prix. Son but affiché – protéger la sécurité des fonctionnaires de police – se base sur une fausse affirmation : on n’a jamais protégé qui que ce soit en entravant les droits de la population. Et ses dangers ont été déjà très bien décrits ailleurs : interdiction de filmer la police (ce n’est évidemment pas la formule officielle), autorisation des drones de surveillance, caméras mobiles… tout est à rejeter, en bloc. Car c’est loin de n’être qu’une affaire de journalistes, de vidéastes et de cinéastes. C’est l’affaire de celui ou celle qui veut circuler librement, adopter un comportement non conforme, manifester, militer, afficher, ou bien danser la nuit dans la rue juste pour le plaisir.
La loi sécurité globale n’est en fait qu’une confirmation, toute honte bue. Elle est la traduction de la violence avec laquelle règne depuis longtemps déjà un pouvoir incapable d’apporter aux citoyens la sécurité qu’ils demandent (pour rappel : des soins, un toit, des moyens de subsistance dignes). Agir au détriment de la population ne peut que faire monter la colère. Une colère qui s’est déjà largement manifestée et qui a poussé le gouvernement à se barricader derrière la police, petit à petit devenue milice à son service, en dehors de tout contrôle démocratique, et couverte dans la grande majorité de ses abus.
Aujourd’hui, 388 députés se barricadent, eux aussi, par on ne sait quelle lâcheté ou inconsistance, laissant le gouvernement s’engager vers l’autoritaire de manière évidente. Car il n’est plus aujourd’hui question d’un virage. C’est une ligne droite bien tracée, dûment planifiée (lien : https://mobile.interieur.gouv.fr/Actualites/L-actu-du-Ministere/Livre-blanc-de-la-securite-interieure). Nous sommes explicitement emmenés avec ce projet de loi vers une société de la surveillance policière permanente. De l’image soupçonneuse. De la technologie à tout crin. Bien qu’aucun lien n’ait jamais été établi entre caméra de surveillance et baisse de la délinquance. Ces 388 députés, les ministres, le président, les préfets, sont coupables de brutalité. Ils sont coupables de négliger les citoyens qu’ils devraient servir, de ne penser qu’à leur défense politique, de céder sciemment aux syndicats policiers d’extrême-droite les plus violents, qu’ils ont encouragés par leurs politiques du chiffre, leurs schémas de maintien de l’ordre et la nomination de préfets aux pires méthodes. Ils favorisent ainsi les tabassages, les insultes racistes et les humiliations.
Nous sommes tenus de surveiller cette police, et les filmer est un de nos outils.
Nous sommes aussi tenus de surveiller nos dirigeants, qui toujours préfèrent le martial au social, à l’écologique, à l’imagination, et qui sont dangereux pour nos libertés et notre avenir. Mais les outils constitutionnels sont pauvres, alors nous défilons, nous pétitionnons, nous filmons, nous montrons, faute de mieux, faute de pouvoir les destituer. Défiler, pétitionner, montrer : ces choses que la loi sécurité globale pourrait aisément nous empêcher de faire.
Débarrassons-nous du danger de ce projet de loi.
L’équipe des salarié·e·s de Tënk
Nous vous invitons évidemment à massifier les cortèges répertoriés sur la carte mise à jour par la coordination Stop à la loi de Sécurité globale sur https://ppl-sg.technopolice.fr/28-novembre/
Références :
https://www.laquadrature.net/2020/11/12/55-organisations-contre-la-securite-globale/
https://www.laquadrature.net/2020/11/19/la-technopolice-moteur-de-la-securite-globale/
La liste des votes des députés : http://www2.assemblee-nationale.fr/scrutins/detail/(legislature)/15/(num)/3254
Crédit photo : “Imagine, demain on gagne” d’Arthur Thouvenin, François Langlais