Cet article est une mise à jour d’un premier tour d’horizon effectué en avril 2019.
Figure de proue du SVOD, Mubi met à l’honneur le cinéma d’auteur international grâce à une offre d’abonnement composée d’une liste de films renouvelée quotidiennement et disponible pendant un temps limité. Les listes de films sont articulées autour de thématiques, de la plus évidente “Chefs-d’œuvre des années 1950” regroupant Les 400 coups, Pickpocket, et Hiroshima mon amour au plus pointu “Hrishikesh Mukherjee ou la profondeur de la banalité”, programme de trois films du cinéaste indien.
Preuve de l’éclectisme de la plateforme, les films simultanément visibles à ce jour : deux grands films du patrimoine américain (Le Dictateur de Chaplin et Heat de Michael Mann), deux raretés de Rivette (Noroît, Duelle), les premiers pas de cinéaste d’Ang Lee (Pushing Hands) ou de la jeune nouvelle garde du cinéma français (Saint-Jacques Gay-Lussac de Louis Séguin). En plus de cette ligne éditoriale aussi ouverte qu’exigeante, la plateforme est enrichie d’une interface soignée et de fonctionnalités interactives (top de films, mini-critiques, entretiens) qui la range parmi les offres les plus stimulantes du répertoire.
Tarif de l’abonnement : 9,99 € par mois (5,99 € pour les étudiants) ou 71,88 € par an.
Converti depuis septembre à un système d’abonnement sur catalogue, UniversCiné est l’un des grands noms du cinéma d’auteur indé. Même si on y retrouve parmi les plus beaux films du monde (Seuls les anges ont des ailes, Un condamné à mort s’est échappé, Husbands, Céline et Julie vont en bateau, Profession reporter), le contenu proposé par l’abonnement reste assez peu fourni en sorties antérieures aux années 2000 (les boulimiques de cinéma de patrimoine devront se tourner vers LaCinetek). L’offre s’allonge en revanche grandement pour les sorties des vingt dernières années et donne un regard particulièrement exhaustif du cinéma d’auteur contemporain. A cela s’ajoute un système d’achat à la carte comprenant plus de 8 000 œuvres.
Tarif de l’abonnement : 6,99 € par mois ou 69,99 € par an
C’est la grande référence en termes de cinéma de patrimoine. En plus d’un système d’achat à partir de 2,99 euros l’unité, LaCinetek propose dans son abonnement la découverte de dix films par mois répondant à une thématique précise. Ce mois-ci, on retrouve par exemple Les Amants crucifiés de Mizoguchi, Tous les autres s’appellent Ali de Fassbinder, La femme d’à côté de Truffaut réunis dans un programme commun dénommé Passions. Si vous ne trouvez ici aucun film tourné après 2005, LaCinetek se raccroche au contemporain en proposant un système de recommandation et de tops rédigés par les grands cinéastes de notre époque. La découverte des films de chevet de tel ou tel réalisateur permettant bien sûr d’établir ou de confirmer des liens de parentalités entre les œuvres (Damien Chazelle citant Les Parapluies de Cherbourg) mais aussi de constater avec amusement des univers diamétralement opposés se télescoper (Apichatpong Weerasethakul qui déclare son amour pour le manifeste du cinéma-vérité Chronique d’un été de Jean Rouch et Edgar Morin)
Tarif de l’abonnement : 2,99 € par mois ou 30 € par an
Une cinquantaine de films renouvelés tous les deux mois compose la formule de cette plateforme destinée uniquement au cinéma documentaire. Majoritairement français tout en étant ouvert à tous les territoires, le catalogue actuel oscille entre œuvres prestigieuses (Moi, un noir de Jean Rouch), auteurs reconnus (Des Nostalgie de la lumière du Chilien Patricio Guzmán) et espoirs du documentaire français (Makala d’Emmanuel Gras). La meilleure façon de prendre une grande bouffée de réel.
Tarif de l’abonnement : 6 € par mois (4 € pour les étudiants), 60 € par an
Distributeur et éditeur de renom spécialisé dans la restauration d’œuvres du patrimoine mondial, Carlotta a ouvert en mars 2020 son vidéo-club en ligne. Pour cinq euros par mois ou cinquante euros par an, la plateforme rend accessible une partie de son répertoire composée pour l’instant d’une petite centaine de films. Si la ligne éditoriale se rapproche de celle de LaCinetek, avec un programme dédié chaque mois à un réalisateur (ce mois-ci à Fassbinder) et son lot de grands classiques (Voyage à Tokyo d’Ozu, Nuits Blanches de Visconti), elle s’en démarque avec la présence de petites chapelles cinéphiles du cinéma de genre (la trilogie Basket Case de Frank Henenlotter, The Exterminator de James Glickenhaus).
L’autre mérite de la plateforme, c’est la qualité remarquable des copies, toutes remastérisées par les soins de l’éditeur (là où celles de LaCinetek pèchent parfois). Le Vidéo-Club de Carlotta est aussi à ce jour la seule plateforme à détenir deux œuvres monstres : l’intimidant Sátántangó de Bela Tarr (7h30) et le punk Out 1 de Jacques Rivette (13h). De quoi offrir de belles réserves en cas de nouveau confinement.
Tarif de l’abonnement : 5 € par mois ou 50 € par an
Dernière ambassadrice de la cinéphilie sur la TNT, la chaîne franco-allemande propose un système de replay gratuit (et parfois même en avant-première) de ses programmes diffusés en direct. Disponibles pour une durée variable selon les programmes (d’une dizaine de jours à plus d’un an), c’est l’occasion de (re)découvrir les œuvres d’une ligne éditoriale toujours aussi pertinente et qui s’adresse autant aux rats de cinémathèque qu’aux jeunes cinéphiles débutant·es.
En ce moment, on peut, par exemple, visionner les très beaux L’Amant d’un jour et L’Ombre des femmes de Philippe Garrel, Fièvre sur Anatahan de Sternberg, l’un des premiers films du prolifique Hong Sang-soo (La femme est l’avenir de l’homme) ou encore une rareté française d’avant-guerre considérée pendant longtemps comme perdue (Le Récif de corail de Maurice Gleize). Le catalogue est également enrichi des séries produites par la chaîne et de ses documentaires toujours très soignés.
Gratuit
Pour combler l’absence des salles de cinéma lors du premier confinement, le géant du cinéma d’auteur mk2 mettait en ligne le site mk2 Curiosity offrant une sélection de cinq films gratuits renouvelés toutes les semaines. Dès les premières heures, le programme rencontrait un franc succès. Près d’un an plus tard, la plateforme est devenue le rendez-vous hebdomadaire des cinéphiles averti·es, guettant chaque jeudi les nouveautés à venir. Basée sur l’idée de découverte et de voyage vers des nouveaux horizons cinéphiles, l’offre est particulièrement abondante en films oubliés (Tire-au flanc 62 de Claude de Givray et François Truffaut) ou injustement marginalisés par l’histoire du cinéma (Au pan coupé de Guy Gilles) et propose même des contenus inédits (Christophe Honoré discutant de son film Plaire aimer et courir vite avec Jean-Marc Lalanne, directeur de la rédaction des Inrocks).
Gratuit
OCS
A la fois chaîne et plateforme à la demande, OCS propose des séries (notamment tout le catalogue de HBO) et des films d’horizons variés pendant une durée limitée. Défendant une ligne éditoriale tournée vers le grand public, on y trouve autant des blockbusters US, des comédies populaires récentes, des films d’auteur que des grands classiques.
Tarif de l’abonnement : à partir de 9,99 € par mois
9 / MyCanal
En prolongement de l’accès à sa chaîne, Canal+ propose sur MyCanal un catalogue de films et séries disponibles en VOD. Comme OCS, la plateforme met majoritairement à l’honneur des œuvres mainstream. On peut aussi lui trouver le mérite de proposer autant le dernier Star Wars que Les Contes de la vague après la pluie de Mizoguchi.
Tarif de l’abonnement : 20,99 € par mois
10/ Henri
Avec MK2 curiosity, c’était l’autre bonne nouvelle du premier confinement de mars. Reposant sur une partie des propriétés et des archives de la Cinémathèque française, la plateforme Henri (en référence à Henri Langlois, l’un de ses fondateurs), offre un véritable cabinet de curiosités. On y croise des petits trésors de tout âge du cinéma français. Des courts-métrages de l’avant-garde (Delluc, Epstein, Gance) à ceux du jeune Jacques Rozier en passant par deux films assez méconnus du cinéaste et critique Jean-Claude Biette (Le Champignon des Carpathes et Le Théâtre des matières).
C’est aussi l’occasion de découvrir des entretiens passionnants avec le père de la cinéphilie française Henri Langlois (notamment la série Parlons cinéma) ou d’une émouvante visite de Chaplin à la Cinémathèque pour l’inauguration d’une rétrospective en son honneur en 1973. Le seul regret, c’est l’indisponibilité (temporaire, on l’espère) de l’intégrale du sérial Les Vampires de Louis Feuillade après une première mise en ligne, il y a quelques mois.
Gratuit
11/ Salto
Fondée à partir d’une alliance des programmes de TF1, France Télévisions et M6 afin de devenir le “Netflix français”, la plateforme lancée en octobre 2020 propose des contenus produits par les trois grands groupes télévisuels ainsi que d’autres acquisitions de programmes français et étrangers. Salto permet également à ses abonné·es de visionner en avant-première des épisodes ou un programme en intégralité avant la diffusion sur une des chaînes des actionnaires. Encore jeune, la plateforme destinée à un public majoritairement familial, s’enrichit de mois en mois.
Après l’ajout en janvier de quelques films parmi les plus populaires de Scorsese et de Burton, on peut y visionner depuis février trois œuvres mythiques du western (Rio Bravo, La Prisonnière du désert, La Horde Sauvage). Pour coller à la prochaine cérémonie des César prévue le 12 mars prochain, la plateforme lancera également une collection le 26 février 2021 composée d’anciens lauréats (Mustang, Des hommes et des dieux, Elle, Séraphine, La vie rêvée des anges). Côté série, le catalogue navigue actuellement entre créations originales françaises (Un village français, Sam), programmes nostalgiques (Buffy contre les vampires, Ma famille d’abord, Malcom) ou plus contemporains (Fargo, The Handmaid’s Tale, All American)
Tarif de l’abonnement : 6,99 € par mois
Producteur, et distributeur marseillais spécialisé dans le cinéma d’auteur indépendant, Shellac propose un abonnement VOD comprenant douze films par mois avec trois nouveautés chaque semaine. Un catalogue à la fois pointu et vivifiant qui constitue un panorama assez idéal du cinéma d’auteur indépendant des vingt dernières années (Miguel Gomes, Damien Manivel, João Nicolau, Virgil Vernier).
Tarif : 4,99 € par mois, 49,99€ par an
13/ Bref
Le meilleur du court-métrage réuni dans une même et unique plateforme afin de remettre en avant un format souvent délaissé. Voilà le projet très louable de Bref. En parcourant le catalogue, on peut y expérimenter une histoire du cinéma plus souterraine entre premiers coups d’essai de maîtres (Janine de Pialat, La sonate à Kreutzer de Rohmer), d’auteur·rices confirmé·es (Le Marin masqué de Sophie Letourneur, Ses souffles de Just Philippot) et espoirs de demain (Massacre de Maïté Sonnet).
Tarif : 3,99 € par mois, 39 € par an.
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par Ludovic Béot
L’article en intégralité ici