Le blog de Tënk > Revue de presse

Les Inrocks – 8 documentaires d’auteur à voir en streaming pendant le confinement

19 mars 2020

Pour les amateurs de jeunes pousses indé comme de poids lourds de Netflix, nous avons concocté une sélection de huit docus, séries et films confondus, de l’inquiétant Don’t F*** with Cats au cinéma crépusculaire de Pedro Costa.

Qui a tué Malcolm X ? de Rachel Dretzin and Phil Bertelsen, 2020 (6 épisodes, dispo sur Netflix)

Dernier né des docus-enquêtes événement de Netflix, un retour sur les interprétations judiciaires encore troubles de l’assassinat en 1965 du leader des droits civiques et ex-membre de la Nation of Islam. Réexamen détaillé des preuves et témoignages encore accessibles, le film a déclenché aux États-Unis la réouverture du dossier plus de cinquante ans après les faits par le bureau du procureur de Manhattan, en collaboration avec l’ONG The Innocence Project.

Un corps sans vie de dix-neuf ans de Mosco Boucault, 2007 (à partir du 24/03 sur Tënk)

Vous avez peut-être entendu parler l’an dernier de Mosco Boucault, soit grâce à son Corleone en deux parties sur Arte, soit grâce à Roubaix, une lumière d’Arnaud Desplechin, fiction adaptée d’un de ses docus. Ce documentariste télé longtemps méconnu, auteur de true crimes captivants couplés à de cinglantes chroniques de la misère avait une rétro prévue au festival du Cinéma du réel, malheureusement annulé. On pourra en retrouver trois titres sur la plateforme Tënk dont cette déchirante enquête biographique visant à rendre une identité et une histoire à Ginka, prostituée yougoslave retrouvée morte en 1999 aux abords de Paris.

Swagger d’Olivier Babinet, 2016 (dispo sur Netflix)

On déniche de temps à autre un film d’auteur français dans les recoins du géant du streaming ; il s’y cache en ce moment ce titre qui est plus qu’une banale photo de banlieue comme le laisse supposer le synopsis de la plateforme : un véritable travail à mi-chemin entre le docu et l’imaginaire, pris de drôles de visions, de distorsions de réel (soucoupes volantes, ralentis…) inspirées par les pensées de ses attachants personnages, des ados d’Aulnay-sous-Bois que le réalisateur a rencontré en y animant un atelier avant d’en faire les héros et partenaires de son film.

La Vie sensible de Timothée Maubrey, 2019 (dispo gratuitement sur Mediapart)

Premier film (et même film étudiant) d’un auteur tout juste sorti de l’école de la Femis, un intrigant travail qui noue le portrait d’un jeune homme entrant dans l’âge adulte à sa passion obsessionnelle pour le végétal et la nature – comme une quête du “devenir arbre”. Le film est visible gratuitement sur Mediapart au même titre que les 12 autres de la sélection Premières fenêtres du Cinéma du Réel, qui met à l’honneur les toutes jeunes pousses documentaristes.

Leonard Cohen – Bird on a Wire de Tony Palmer, 1974 (dispo sur Arte)

Filmé pendant la tournée européenne de 1972 du chanteur alors âgé de 37 ans, ce film a à l’époque été remonté avant de tomber dans l’oubli. Il fut heureusement ressuscité il y a une dizaine d’années suite à la découverte d’une copie des rushes d’origine, incitant son réalisateur à le remettre sur pied avec un nouveau montage. On y découvre un Cohen intime dans les à-côtés des concerts, saisis au fil d’un road movie où le poète-dieu repasse à l’échelle humaine, attrapé notamment dans de touchantes scènes de séduction.

Brüder der Nacht de Patrick Chiha, 2016 (dispo sur Tënk)

Les premiers arrivés au ciné ont eu le temps de profiter du dernier film de l’Autrichien (mais formé et travaillant souvent en France) Patric Chiha, Si c’était de l’amour, docu étrange filmé dans la tournée de la pièce Crowd inspirée de la culture rave. Le film serait encore en salles, si les salles étaient encore ouvertes ; pour s’en consoler un précédent opus du même auteur est disponible en ligne : Brothers of the Night (Brüder der Nacht en VO), frappante plongée dans le quotidien des prostitués bulgares qui vendent leur corps à Vienne.

Don’t F**k With Cats – Un tueur trop viral de Mark Lewis, 2019 (3 épisodes, dispo sur Netflix)

La fascination de Netflix pour les criminels modernes plus ou moins graveleux pouvait difficilement éviter la case Luka Magnotta, arrêté en 2012 après une série de vidéos snuff diffusées sur Internet (impliquant les meurtres deux animaux et d’un homme). Le docu revient notamment sur l’impressionnante conjonction bénévole d’efforts d’internautes ayant permis de commencer l’identification du suspect dès ses premières vidéos de chatons. 6e documentaire le plus vu sur la plateforme en 2019, le film a aussi déclenché une vive polémique pour n’avoir pas caché ces extraits de maltraitance animale (ni même prévenu sur leur caractère explicite).

Out-takes from the life of a happy man de Jonas Mekas, 2012 (dispo sur Re:Voir le 30/03)

Spécialisé dans le cinéma expérimental, l’éditeur vidéo Re:Voir met lui aussi à disposition gratuitement en ligne une sélection de films à raison d’un par jour et ce jusqu’à fin mars. L’occasion de découvrir le travail sidérant sur le paysage de Jacques Perconte (Corps, dispo samedi 21), mais aussi de découvrir le film-somme du fondateur du “journal filmé” : Outtakes for the Life of a Happy Man, réalisé à 90 ans passé par le vidéaste légendaire Jonas Mekas à partir de bouts de home movies retrouvés, remontant jusqu’aux années 1960. À la fois le plus petit sujet qui soit pour un documentaire (du quotidien, des voyages dans sa Lituanie d’origine, de la vie de famille) et le plus grand : une vie entière. Disponible le 30/03, en avant-dernier du cycle.

Par Théo Ribeton