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Escale – Notre musique !

17 décembre 2020

Quoi de commun entre les bergers des hauts pâturages suisses allemands qui portent la pratique du yodel au rang des beaux arts, les maîtres musiciens de Jajouka qui illuminent le Rif marocain, des punks hongrois revenus de tout et surtout de leurs idéaux de jeunesse, les chanteuses au visage minéral de l’île de Zanzibar, les jeunes rappeurs tunisiens en guerre contre le pouvoir, les musiciens tsiganes des abords du Danube ou ces rockers marocains qui refusent la modernité à tout crin ?

Toutes et tous, héros et héroïnes du local, princes et princesses de leurs territoires et de leurs communautés, ne revendiquent rien. Ils se contentent de soulever des questions désormais plus qu’essentielles en une époque abîmée par les conséquences de la mondialisation : comment maintenir tendue une ligne entre nous et le monde qui nous entoure ? Comment réinvestir des pratiques locales, en restant à notre échelle, à l’intérieur de nos contours, tout en puisant chez l’autre des ressources et des forces, qu’elles soient culturelles, politiques, sociales ? Comment réinvestir notre propre communauté en plongeant dans celles qui nous environnent ?

Ce programme “cloche-pied” est une invitation à un autre usage du monde. Les six films qui le composent lèvent le voile sur des pratiques musicales ancrées dans des territoires, c’est-à-dire des pratiques profondément politiques, bien loin du folklore et de ses musées. Ils forment un archipel très vivant, temporaire et utopique, une petite zone radicale aussi par sa douceur et un appel résolument oblomovien à laisser l’âme voguer.

Pour mieux résister.

Benoît Hické, programmateur et enseignant Co-directeur artistique de FAME.

 

Découvrez les films programmés dans le cadre de cette escale :

East Punk Memories

de Lucile Chaufour (2012, 80 minutes)

Devant l’image de leurs vingt ans en super 8, douze anciens punks témoignent de l’après-communisme dans la Hongrie d’aujourd’hui. Le “No Future” est-il soluble dans la chute du Rideau de Fer ? Ou comment la petite histoire rejoint la grande.

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Ur-Musig

de Cyrill Schläpfer (1993, 108 minutes)

Producteur et musicologue avant d’être cinéaste, Cyril Schläpfer est parti sur les routes de la Suisse primitive (en particulier en Appenzell) à la découverte des “paysages musicaux” archaïques qui existent encore. “Ur-Musig” (“musique primitive”) dévoile le lien intime qui rattache les habitants à leur musique.
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Zanzibar Musical Club

de Philippe Gasnier et Patrice Nezan (2010, 85 minutes)

“Zanzibar Musical Club” est une invitation à explorer une culture millénaire où les traditions se transmettent en musique. Il s’agit de pénétrer une réalité musulmane où la musique est le lien social par excellence ; de découvrir un monde nourri de tonalités arabes, de rythmes latins, de mélodies indiennes et de percussions africaines.

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Prince parmi les Hommes

de Stephan Crasneanscki (2017, 82 minutes)

Une impressionnante expérience visuelle et sonore à travers les méandres du Danube et des musiques tsiganes, à la rencontre des “Hommes”, les Roms.
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Tunisia Clash

de Hind Meddeb (2015, 65 minutes)

Ce road movie intime suit la lutte des rappeurs tunisiens contre les violences policières et la corruption du monde politique après la chute du régime de Ben Ali. Hind Meddeb nous embarque dans la cavale de Weld el 15 en attente de son procès, des banlieues populaires de Tunis jusqu’aux plateaux désertiques du Centre.

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Jajouka, quelque chose de bon vient vers toi

d’Éric et Marc Hurtado (2012, 60 minutes)

Depuis plus de 2000 ans, le village de Jajouka, dans le Rif marocain, perpétue des rites magiques de fertilité, proches des Lupercales romaines, ainsi qu’une musique originale jouée par une confrérie ancestrale, les Maîtres Musiciens de Jajouka, qui furent un temps une source d’inspiration de la Beat Generation. Ce film en forme de conte met en scène la légende fondatrice du mythe et des modes d’exercices actuels de ces rites liés à une fête aux allures païennes présidée par Bou-Jeloud, Le Père des Peaux, incarnation du dieu Pan.

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Transes

d’Ahmed El Maanouni v(1981, 86 minutes)

Nass El Ghiwane est un groupe de musiciens marocains formé dans les années 70 au cœur de l’un des quartiers pauvres de Casablanca. Mêlant grands thèmes traditionnels et incantations laïques, leur musique puise dans le creuset de la culture populaire. Les chansons racontent aussi bien les joies du monde qu’elles pleurent les poètes défunts, clamées au son de rythmes frénétiques. Au détour des rues comme dans les salles de concert bondées, l’explosion musicale déclenchée par Nass El Ghiwane met les foules en transe…