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•• Cette semaine sur Tënk – Kiarostami, jeux et vérités

17 mars 2023

Un cahier emporté par mégarde et voici une détresse bien réelle : celle d’Ahmad qui tente de convaincre les adultes sur son chemin qu’il doit absolument ramener le fameux cahier à son camarade, sinon celui-ci sera renvoyé de l’école. Le regard et la détermination de ce petit garçon iranien, héros de Où est la maison de son ami ?, restent inoubliables, inoubliables de sincérité. Et pourtant, il s’agit bien d’un rôle et d’une histoire inventée par Abbas Kiarostami.

Nous vous proposons cette semaine de découvrir ou redécouvrir la trilogie de Koker dont ce film est le premier volet et où ce maître du cinéma iranien se joue, une fois de plus, de la traditionnelle opposition fiction/documentaire : “Que ce soit du documentaire ou de la fiction, le tout est un grand mensonge. (…) Le plus important est que le spectateur sache que nous alignons une série de mensonges pour arriver à une vérité plus grande.”

Suivrons en 1991 Et la vie continue puis en 1994 Au travers des oliviers, mises en abyme successives d’un cinéaste qui retourne dans ce même village suite au grand tremblement de terre de 1990 qui a dévasté cette région de l’Iran, à la recherche de ses personnages.

Des comédiens non-professionnels que Kiarostami tente de retrouver en personne dans le portrait réalisé par Jean-Pierre Limosin pour la mythique collection “Cinéastes de notre temps”. Abbas Kiarostami, vérités et songes est un road movie qui éclaire la générosité du cinéaste, son attachement aux personnes, plus qu’aux personnages et révèle, s’il le fallait encore, sa part de facétie et de génie pour filmer la réalité de son pays. Une “méthode Kiarostami” jamais loin de l’enfance et du jeu.


Si, là aussi, l’exercice prend des allures de jeu géant, les participants à LUX ne sont pas des enfants mais les membres de l’armée suisse. Leur mission : répondre à une attaque de terroristes anticapitalistes et sauver leur pays. Ou plutôt … s’entrainer ! Car il s’agit en fait d’une simulation destinée à l’entrainement des troupes constituées en grande partie de réservistes. Même si le réel fait parfois surface, tous croient progressivement à leur rôle et révèlent testostérone et mécanismes patriotiques de la grande muette helvétique.

Enfin, costumes noirs et blancs, moquettes molletonnées, verres en cristal et nappes impeccables. Le décor de notre Coup de cœur de la semaine est celui des grands restaurants et palaces. Les Petits Maîtres du Grand Hôtel nous propulse aux côtés des jeunes apprenti·es de l’école hôtelière de Grenoble. Plus que des gestes, il est ici question d’apprendre des attitudes et de croire à ce rôle. Et ce n’est pas facile d’obéir à un chef en cuisine quand on a 17 ans. Encore moins de servir sans broncher. Car ici le client est roi ! Derrière l’apparente légèreté de cette comédie musicale où profs et élèves poussent la chansonnette, le jeu du travail pourrait bien se révéler amer.

Bons films !