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•• Cette semaine sur Tënk – Escale photographie

2 juillet 2021

Alors : il pleut. Le plan est fixe. C’est une route de goudron aux trottoirs bordés de marques rouges et blanches, encadrée par deux murs de béton imposants, surmontés de grillages. Au loin dans la perspective il y a des tours de guet, de béton aussi. Un panneau indique, on s’en serait doutés, que le stationnement est interdit. Deux autres panneaux montrent les directions – opposées – de Jérusalem et du tombeau de Rachel. Depuis la première seconde on entend le chant d’un muezzin. Et puis petit à petit des bruits mécaniques, comme une sorte de crécelle un peu douce et rythmée, qui se rapproche. Alors un homme entre dans le cadre, à droite. Il est en train d’armer la pellicule d’un imposant appareil-photo. Il est de dos, il porte une veste à poches et une casquette beige dont dépassent des mèches blondes-blanches, il vient occuper le centre du cadre, œil dans le viseur, ça y est, il est prêt à déclencher.

Mais alors commence la danse. Josef Koudelka hésite et cherche, par de multiples déplacements minimes de sa tête, de son corps, des petits pas, à gauche, à droite, en avant, en arrière (ne pas bousculer la caméra qui me filme), puis dans l’autre sens encore, puis l’œil dans un autre appareil, pour mesurer la lumière certainement, il cherche, cherche la perspective qui vaudra quelque chose une fois portée à deux dimensions. Il avance, se baisse, il semble avoir trouvé quelque chose, se reprend…

Nous avons compté : Koudelka danse ainsi pendant 1 minute 30, devant ce paysage immobile.

Et puis soudain clic. Et juste après le clic, une sorte de soupir, et puis Josef se retourne et sourit, satisfait.

C’était là le premier plan de notre Coup de cœur, Koudelka Shooting Holy Land.

Et notre Escale de la semaine, en écho aux Rencontres d’Arles, est entièrement consacrée à la photographie. On y parle d’images et de déclenchements, de cadrages et de violences, du passé, de la peur, et de tout ce qu’on ne voit pas forcément. Une image n’est jamais anodine : prenons le temps d’y réfléchir – 1 minute 30, ou bien le temps d’un film.

Bons films !