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•• Cette semaine sur Tënk

27 mai 2022

« Mais il y a toujours l’espoir que le cinéma nous fasse voir le monde et nos contemporains comme jamais les médias ne nous les font voir. À contre-courant, autrement. »

Les mots de Jean-Louis Comolli, pour entamer ce petit courrier hebdomadaire. Et pour entrer dans le regard de cet important réalisateur et théoricien du documentaire disparu la semaine dernière, nous vous proposons à nouveau cette semaine son film Cinéma documentaire : Fragments d’une histoire. Un film généreux, un partage, une façon de réactiver s’il en était besoin notre envie de plonger dans les plus grandes œuvres de l’histoire, de revoir ou de découvrir les films de Johan van der Keuken, Vittorio de Seta, Joris Ivens, Shōhei Imamura, Robert Flaherty, Jean Rouch… tant de récits et d’images qui nous tiennent à cœur et nourrissent notre pensée.

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Le cinéma documentaire se coltine parfois la violence. Fragment 53 tire son titre d’un fragment d’Héraclite qui selon certaines traductions – discutées – donne ceci : « La guerre est mère de toutes choses, reine de toutes choses ». Le film est perturbant : sept combattants de la guerre civile au Liberia témoignent face caméra. Leurs mots n’ont ni colère ni compassion, ils disent l’absence de sentiments que la guerre induit et nécessite. Et ils interrogent sur la condition humaine, et ce qui pousse à ce qu’on appelle ainsi : des actes inhumains

La violence de la guerre, elle est là, un peu partout dans le monde et pas loin en Ukraine. Regarder Le Fils aujourd’hui est une expérience dérangeante. Plongée dans les entraînements des Spetsnaz, forces spéciales russes, le film nous donne à voir des jeunes gens qui plus tard seront envoyés au front – et sûrement, cinq ans après, pour certains d’entre eux, en Ukraine. Mais si le film porte ce titre, c’est aussi parce qu’il se concentre également sur la perte d’un enfant à la guerre. Mais à partir de quand un enfant est-il perdu ? Ne l’est-il pas déjà lorsque l’armée parvient à le transformer en un corps soumis, à la disposition de la sainte idée de patrie ?

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Nous vous proposons de retrouver ci-dessous le reste de notre programmation de la semaine. Vous aurez l’occasion de parcourir les paysages des deux extrémités du Rhône, dans Slow Return, à la rencontre de ceux et celles qui les habitent. Vous rencontrerez Alice + Barbara, deux jeunes femmes, deux sœurs filmées en grande partie dans l’intimité de leur chambre d’ado. Dans Le café se boit en jurant, ce sont deux enfants migrants, Gift et Miracolo, qui tentent en jouant de redéfinir les contours de leur monde, avec fantaisie et poésie. Enfin, dans Born in Evin, la réalisatrice et actrice Maryam Zaree enquête sur ses origines longtemps tues, qui remontent jusqu’à une prison en Iran, et libère grâce à son film une parole nécessaire…

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Pour finir, en marge de notre programmation habituelle, nous mettons en ligne cette semaine sur notre plateforme un film choisi par l’un de nos partenaires : la Fédération des Centres Sociaux et Socioculturels de France. L’occasion de vous présenter sur la page du film (Femmes politiques) l’un des dispositifs que Tënk met en place pour que le documentaire trouve sa place dans la société. C’est bien avec « l’espoir que le cinéma nous fasse voir le monde et nos contemporains comme jamais les médias ne nous les font voir » que nous mettons tout au long de l’année les films de Tënk à la disposition du large réseau des centres sociaux, dans toute la France, pour tous les publics !

Bons films !