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•• Cette semaine sur Tënk

15 octobre 2021

C8H8

Avant de nous intéresser au processus de fabrication des bols en plastique, tournons notre attention vers le Burkina Faso.

Nous inaugurons cette semaine de nouvelles programmations intitulées Tours, détours, qui réuniront régulièrement des films consacrés à un pays, qu’ils en soient originaires ou qu’ils en soient le sujet. Notre programmateur Olivier Barlet a choisi trois films récents autour du Burkina Faso. Pays dans lequel s’est ouvert il y a quelques jours un procès attendu depuis trente-quatre ans : celui de l’assassinat de Thomas Sankara, le 15 octobre 1987, éphémère président aux positions anti-impérialistes et révolutionnaires.

Mais Sankara n’est pas mort, selon la réalisatrice Lucie Viver. Son rail-movie parcourt la voie ferrée du pays dans les pas d’un jeune poète, faisant ainsi écho à la “bataille du rail” : ce projet, formulé par Sankara lui-même, consistait à étendre le réseau ferré burkinabé de manière indépendante grâce aux ressources propres du pays. De rencontre en rencontre, de paysage en paysage, c’est un film qui pose la question de l’espoir et des désillusions après l’insurrection de 2014 qui fit chuter l’alors président Blaise Compaoré, l’un des mis en cause dans le procès en cours…

Cette lutte, nous la retrouvons dans On a le temps pour nous, de Katy Léna Ndiaye. Cette fois-ci aux côtés du rappeur Smokey, qui prit une part active aux événements et dont les mots accompagnent le film. Ceux d’un tribun, d’un artiste et d’un homme pour qui l’important n’est pas de prendre le pouvoir, mais d’encourager le peuple à le prendre !

Enfin, Pas d’or pour Kalsaka nous présente les conséquences de la ruée vers l’or qui eut lieu dans les années 2000, quand des sociétés multinationales vinrent exploiter des mines au Burkina Faso pour les abandonner quelques années plus tard, laissant derrière elles des traces environnementales et sociales dramatiques. Un documentaire d’investigation puissant, qui dénonce l’exploitation capitaliste et ose un parallèle avec le Far West dans sa mise en scène même, avec musique western et cavaliers prédateurs…

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La fabrication de bols en plastiques, nous allons y venir. Mais avant, notez les deux autres films qui composent notre programmation de la semaine : Onun Filmi, tout d’abord, dans lequel deux réalisatrices turques choisissent, pour leur premier film, de partir sur les routes à la rencontre d’autres réalisatrices turques, et de les interroger sur leurs débuts derrière la caméra, dans un champ professionnel où le sexisme agit encore à plein… Et puis, The Dark Side of the Sun, qui nous emmène aux côtés d’enfants pour qui la lumière du soleil est chose interdite…

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Donc, les bols en plastique.

Vous connaîtrez tout de leur élaboration et des merveilles de l’industrie pétrochimique en regardant Le Chant du styrène, d’Alain Resnais. Un chef d’œuvre, drôle, visuellement magnifique, un film de commande tordu par la malice du réalisateur et l’espièglerie de l’auteur de la voix off, en la personne de Raymond Queneau, qui pour parler de styrène (C8H8, si vous vous demandez), jugea inévitable le choix de l’alexandrin !

Ce court métrage est l’un des quatre films qui composent le nouveau Parcours découverte que nous vous proposons à partir d’aujourd’hui, et pour un an ! Cette section du site est un peu particulière : adressée principalement à ceux et celles qui découvrent le monde du cinéma documentaire, elle comporte quatre textes qui accompagnent chacun des films et guident leur lecture. Quatre films accessibles, et de styles bien différents, pour explorer le langage documentaire : Espace, d’Éléonor Gilbert, Pauline s’arrache, d’Émilie Brisavoine, Black Harvest, de Bob Connolly et Robin Anderson et Le Chant du styrène, d’Alain Resnais !

Bons films !