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•• Cette semaine sur Tënk

12 février 2021

Virils ?

Normal est un drôle d’objet. Un film, qui pose un œil ironique et édifiant sur les stéréotypes de genre. Une suite de scènes spectaculaires tissées avec sens et soin, qui montrent toutes les sortes de preuves qu’il nous faut apporter aux regards des autres pour être des femmes, des vraies, des hommes, des vrais. Être un guerrier. Choyer son mari. Devenir mâle dominant. Mener la conversation. Pleurer. Ne pas pleurer. Évoquer ses études de droit, en bikini et talons hauts, devant des yeux masculins. Défoncer une Renault Twingo à coups de masse. Dominer. Être dominées. Tous ces poids qu’on porte. Pour être bien normales, pour être bien normaux.

Il y a aussi cette semaine les garçons de Vers la tendresse. Des garçons de Seine-Saint-Denis qu’Alice Diop, avec pudeur et intelligence, a su faire parler d’amour. On se laisse troubler par leurs voix, leurs discours intimes, que le film projette sur les déambulations de jeunes hommes des banlieues. Le mouvement du titre va de la surface jusqu’à l’intérieur : de la façade virile, vers la tendresse dedans. Un film sensible et magnifique, qui ménage avec grande pudeur une fissure dans la façade, pour enfin y voir un peu…

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Le film d’Alice Diop reçut en 2017 le César du meilleur court métrage ! Et, à l’occasion de la récente annonce des films nommés pour l’édition 2021 du fameux trophée à peu près parallélépipédique, nous vous proposons cette semaine une sélection de films récemment nommés ou primés : Carré 35, où le comédien et réalisateur Éric Caravaca cherche auprès de sa famille à réparer un silence familial qui ne mène à rien. Bab Sebta, impressionnante remise en scène du fouillis qui entoure la frontière à Ceuta, entre Maroc et Espagne. Et enfin L’Image manquante, dans lequel Rithy Panh poursuit sa recherche sur la mémoire cambodgienne…

C’est sur notre page spéciale César, où vous retrouverez aussi des films en location !

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Deux films d’artistes libanaises, pour clore notre programmation de la semaine. Dans Aïnata, Alaa Mansour aborde l’histoire d’un territoire malmené, au Sud du Liban, en tissant minutieusement archives, entretiens et texte poétique : que signifie vivre, rêver, se souvenir et mourir à Aïnata ? Jumana Manna, elle, filme dans Wild Relatives un ballet de graines, qui mettent en relation des acteurs et des géographies éloignées : transactions inattendues, du Liban jusque sous le permafrost norvégien…

Bons films !