Tout commence en 1975 lorsque l’ONU proclame “l’année Internationale de la Femme pour mettre en avant la lutte pour les droits des femmes”. Le dernier jour de cette année, le 30 décembre, Antenne 2 diffuse une émission présentée par Bernard Pivot intitulée “Encore un jour et l’année de la femme, ouf ! C’est fini“. Le concept ? Inviter Françoise Giroud, alors Secrétaire d’Etat chargée de la condition féminine, à débattre avec des intervenants présentés comme misogynes, le tout sur un ton “décontracté”. Cela prête déjà à rire (jaune). Pendant 1h30, Françoise Giroud tente donc de répondre avec calme aux propos révoltants d’hommes politiques ou d’anonymes. L’émission devenue culte aujourd’hui, avait poussé le collectif des Insoumuses à répondre à ce triste spectacle par un film, mêlant critique sociale et humour décapant.
Constituées des réalisatrices Carole Roussopoulos, Ioana Wieder, de l’actrice Delphine Seyrig et de la sociologue Nadja Ringart, Les insoumuses ont donc réalisé Maso et Miso vont en bateau, un documentaire qui s’amuse à détourner les images de l’émission en y insérant des commentaires, des chants ou des images. Le film, véritable manifeste féministe, est un piratage aussi humoristique que politique. “Aucune image de la TÉLÉVISION ne peut nous incarner, c’est avec la VIDÉO que nous nous raconterons” scandent-elles en cœur.
Malgré les tentatives de Françoise Giroud pour en empêcher sa diffusion, le film fut projeté au cinéma parisien indépendant L’Entrepôt en 1976 et largement distribué au sein des groupes féministes de l’époque. Il devient aujourd’hui l’une des productions les plus fameuses du collectif et un des films du Centre Simone de Beauvoir les plus diffusés en France et dans le monde.
Le film est disponible, en partenariat avec France Inter, pendant une semaine sur la plateforme dédiée au cinéma documentaire Tënk.
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Delphine Seyrig qui a joué avec les plus grands cinéastes de l’époque – Alain Resnais, François Truffaut, Jacques Demy ou encore Chantal Akerman – a mené parallèlement à sa carrière d’actrice, une vie de militante profondément engagée pour la cause féministe. En première ligne pour le droit à l’avortement, elle a également réalisé avec son amie Carole Roussopoulos, S.C.U.M Manifesto en 1976, un film sur le fameux pamphlet de Valérie Solanas. En 1981, elle réalise le documentaire Sois belle et tais-toi sur la misogynie au cœur de l’industrie cinématographique avec les témoignages de Jane Fonda, Jenny Agutter, Juliet Berto ou Candy Clark. Elle est enfin à l’initiative du Centre audiovisuel Simone de Beauvoir, dont elle fut la présidente jusqu’à sa mort.
Interviewée en 1972 sur le bonheur, elle exprimait avec force ses positions :
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