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Konbini – Comment le cinéma d’auteur renaît sur les plateformes de streaming

19 mars 2021

Tour d’horizon de l’offre de cinéma d’auteur en ligne, qui ne cesse de grandir.

Depuis le début de la crise sanitaire, les géants américains du streaming, comme Netflix, Amazon Prime ou Disney+, ont vu leur base d’abonnés exploser et, après un an de pandémie, le nombre d’abonnements aux plateformes vient de dépasser le milliard dans le monde.

Mais le marché ne semble pas saturé pour autant. Les géants du streaming ont donné un véritable coup d’accélérateur côté cinéma d’auteur, Netflix et son fructueux partenariat avec MK2 en tête, pour conquérir le cœur des cinéphiles et gagner en légitimité. De multiples plateformes VOD se sont également créées dans l’ombre des géants américains et ont elles aussi gagné de nombreux abonnés pendant la crise sanitaire.

Ainsi, une importante offre de films d’auteur est désormais accessible en streaming et grandit chaque jour un peu plus pour tenter de se faire une place au soleil. Leur spécificité à toutes : la rareté, la sélection et l’éditorialisation, pour contrebalancer la tendance fourre-tout façon Netflix qui noie les abonnés. Tour d’horizon.

 

Une offre protéiforme

Référence du genre et véritable cinémathèque virtuelle, l’Anglaise Mubi, créée en 2017 à Londres, est désormais disponible aux quatre coins du globe. Grâce à un formidable travail de curation, la plateforme dispose aujourd’hui d’une base de données de 150 000 films d’auteur internationaux, enrichie d’une éditorialisation conséquente qui accompagne la cinéphilie de ses neuf millions d’abonnés et promeut une cinéphilie mondiale, des classiques absolus aux films d’auteur méconnus et exigeants.

L’autre grand repère des cinéphiles est français. Créée en 2015 par les cinéastes Pascale Ferran, Laurent Cantet, Cédric Klapisch et le producteur Alain Rocca, fondateur et président d’UniversCiné, LaCinetek, ou Cinémathèque des réalisateurs, a opté pour un modèle bien particulier. Ce sont les réalisateurs qui, à la demande des fondateurs de la plateforme, fournissent la liste de leurs cinquante films de chevet, contextualisés par leurs soins. Au fil des ans, LaCinetek s’est donc construit un exigeant catalogue de 1 300 films.

Si les films sont payants à l’unité, ou disponibles sous forme d’abonnements pour une sélection de dix films réunis selon une thématique particulière, l’accès au site est libre et chacun peut donc bénéficier des recommandations des cinéastes ou de contenus bonus et exclusifs gratuitement.

Du côté des moins connues, on peut compter sur les précieuses contributions de la plateforme coopérative Tënk, qui vise à faire découvrir au plus grand nombre des films documentaires présentés en festivals et donc accessibles qu’à un petit nombre de privilégiés, mais aussi UniversCiné, la première plateforme de VOD française créée en 2007 à l’initiative de cinquante producteurs et distributeurs indépendants français. Cette pionnière conjugue cinéma de patrimoine et productions contemporaines, réunis dans un catalogue de plus de 7 300 films, accessibles sur tous les écrans.

 

De la “curiosity” et des pépites

C’est également dans ce contexte de pandémie que distributeurs et institutions ont décidé de saisir l’opportunité pour lancer leur offre de VOD. Ainsi, Shellac, distributeur indépendant basé à Marseille, a lancé en début d’année le Club Shellac, sa nouvelle formule d’abonnement, pour offrir une visibilité aux films d’auteur pointus qui disparaissent des radars trop rapidement.

Pour continuer de faire vivre des films qui “n’ont plus leur place dans une chronologie des médias classique”, la petite entreprise marseillaise n’a pas voulu s’éloigner du modèle de la salle et propose donc douze nouveaux films chaque mois, au rythme de trois par semaine.

Toujours du côté des distributeurs et en marge de son partenariat avec Netflix, MK2 a lancé pendant le premier confinement son Festival à la maison, qui proposait une sélection quotidienne de films, courts-métrages et autres podcasts. Fort de son succès, le distributeur a choisi de pérenniser son modèle avec le programme MK2 Curiosity, qui propose cinq films gratuits par semaine “garantis sans algorithme” et un système de location à la demande.

Autre évènement de ce premier confinement et en réponse à la fermeture de ses salles, la prestigieuse Cinémathèque française, très réactive, a créé la plateforme Henri, en hommage au fondateur de l’institution Henri Langlois, pour proposer gratuitement et chaque soir des films rares issus de ses collections ou de celles de ses partenaires. Visiblement satisfaite du succès, l’institution a elle aussi choisi de pérenniser l’initiative au rythme désormais d’une mise en ligne par semaine, toujours gratuitement.

 

Dernier-né : le Cinéma des cinéastes

Née il y a 12 ans, avant même l’arrivée de Netflix en France, FilmoTV est l’une des plus anciennes plateformes de VOD et propose du cinéma pour tous les goûts. Aujourd’hui, elle annonce la mise en ligne de quelque 150 films d’auteur en vidéo à la demande sous le label “Cinéma des cinéastes”, en insistant elle aussi sur “l’accompagnement éditorial” des œuvres.

Pour ce faire, la plateforme s’est associée avec l’ARP, l’un des principaux collectifs de cinéastes et producteurs indépendants, qui a fondé le Cinéma des cinéastes, une salle d’art et d’essai emblématique de Paris. “Non seulement on choisit des films, mais on explique aux spectateurs pourquoi ils sont là”, a expliqué à l’AFP le fondateur de FilmoTV, Jean Ollé-Laprune.

Des entretiens et tables rondes filmés sont proposés, notamment par les cinéastes Costa-Gavras, Cristian Mungiu ou encore Patrice Leconte. “Un certain nombre de ces films étaient connus, les Bertrand Tavernier, Claude Lelouch, Pierre Jolivet, mais beaucoup d’autres réalisateurs n’avaient pas pensé à mettre leurs films à disposition en VOD et ils étaient un petit peu dans l’oubli”, a-t-il ajouté.

Si l’avenir des salles est incertain, la cinéphilie a de beaux jours devant elle.

Par Manon Marcillat, publié le 19/03/2021.

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