À la lisière, Dans leurs rêves, Le kiosque, ces titres ne vous disent probablement encore rien, mais ils cachent des films documentaires que vous découvrirez sur Tënk prochainement.
En effet, grâce à des partenariats (CFDT, CNRS, CNAP, Département de l’Ardèche…), nous avons commencé à soutenir des films en création. Il s’agit de la phase pilote de notre ambitieux projet de « pré-achat ». Le préachat consiste pour un diffuseur comme Tënk à acheter des droits de diffusion d’un film alors que celui-ci est encore à l’état de projet.
Nous faisons nos premiers pas cette année, mais espérons déployer une politique d’aide à la création bien plus large quand nous aurons atteint notre équilibre financier.
En quoi ce projet est intéressant pour le monde du documentaire, et pour vous, spectateur·rices ?
Pour comprendre l’intérêt de cette démarche, il est nécessaire d’entrer un peu dans les détails du fonctionnement de la production audiovisuelle.
En France, l’organisme principal de soutien à la création est le Centre National de la Cinématographie (CNC). Celui-ci propose plusieurs aides dont le Fonds de Soutien à l’Audiovisuel (FSA) qui finance la création documentaire.
Pour avoir accès à ce fonds, il faut garantir que le film sera diffusé sur une chaîne de télévision ou une plateforme de SVoD, et sera ainsi visible par le plus grand nombre.
C’est là que Tënk interviendra. En préachetant des films à venir, la plateforme, comme les télévisions, permettra aux producteurs d’accéder à ce guichet d’aide à la production.
Le préachat est donc un soutien économique aux producteurs, mais aussi un levier qui permet d’accéder à des financements plus importants.
Mais pourquoi un diffuseur de plus ?
Jusqu’ici, le soutien des diffuseurs à la création documentaire se présente ainsi :
D’un côté, il y a les chaînes locales. Elles sont très volontaristes et constituent un soutien indéfectible à la création depuis des années. Malheureusement, elles ne peuvent répondre, quantitativement, à l’ampleur de la demande. Depuis 2015, le nombre de films produits par les chaînes locales a baissé de 36%, soit 90 films en moins par an.
De l’autre côté, il y a les chaînes nationales, qui, si elles proposent des conditions de production plus confortables, supposent aussi des contraintes de format plus importantes et ne disposent que de plages horaires très limitées pour le documentaire de création.
Notre volonté est donc de combler un manque et de permettre à la diversité, à la richesse du genre de s’exprimer. En effet, nous ne sommes pas soumis aux contraintes de format (ni de durée, ni de dispositif) des chaînes de télévision, ce qui nous permet de nous engager auprès de films documentaires ambitieux, créatifs, qui ne rentrent pas forcément dans les cases et ne trouveraient donc pas de diffuseur par ailleurs.
Comment se traduit ce soutien ?
Au-delà du “tampon Tënk”, qui permet aux producteurs d’accéder à l’aide à la production du CNC, nous apporterons aux films une post-production de qualité : montage, étalonnage*, mixage**. En effet c’est une étape qui a une importance majeure dans la réception du film et qui est souvent négligée faute de moyens.
En 2019, si notre nombre d’abonné·e·s le permet, nous entrerons donc dans une phase d’investissement pour équiper les salles destinées à accueillir les équipes. Une fois les images tournées, les réalisateur·rices et leur équipe technique viendront ici à Lussas pour mettre en forme le film. Cette nouvelle étape s’inscrit dans le projet global du Village documentaire, initié depuis longtemps, afin d’œuvrer pour le renouvellement de la création documentaire. Cela passe notamment par un soutien aux premiers films (École documentaire), des films issus de pays où le secteur audiovisuel est lacunaire (Docmonde), ou encore des films produits en région, loin du centre névralgique que reste Paris.
* étalonnage : une fois le film monté, l’étalonneur travaille les couleurs du film, afin que le passage d’une image à l’autre soit fluide aux yeux du spectateur. Le travail de l’étalonneur est aussi de créer une ambiance visuelle en accord avec le propos du film.
** mixage : le mixage consiste à travailler et réunir les différentes sources sonores d’un film afin de faire ressortir ou au contraire diminuer certains sons. C’est l’étape qui finalise l’ambiance sonore d’un film.
Quelques images des films soutenus avec la F3C-CFDT :
© LE KIOSQUE – Alexandra Pianelli – Les Films de l’oeil sauvage
© A LA LISIÈRE – Julia Pinget – La Société des Apaches
© DANS LEURS RÊVES – Delphine Détrie – Lux for Film
© DANS LEURS RÊVES – Delphine Détrie – Lux for Film
Crédit dessin : © Tom Joseph – Florie Keller – Atelier Noir Cambouis