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•• Cette semaine sur Tënk – Stonewall, Suède et Chine

2 juin 2023

Samedi dernier nous sommes allé en voiture diesel sur la zone commerciale toute proche, nous avions besoin d’un nouveau pantalon en toile. Dans la grande surface toute entière consacrée à l’habillement nous avons trouvé notre bonheur, un bonheur vraiment bon marché à 29,90 €. L’objet en question avait coûté environ 10 000 litres d’eau et parcouru au moins autant de kilomètres en cargo, rejetant à lui seul une vingtaine de kilos de CO2. Il avait notamment fait travailler des ouvriers, des ouvrières, quelque part en Chine – c’est l’étiquette qui nous l’apprend. Et il nous habillerait environ 18 mois avant de perdre un premier bouton et sa couleur initiale.

Oui, il y a du tissu chinois et du CO2 dans notre programmation de la semaine.

Avant de devenir une veste froissée – le saviez-vous ? – le lin est une plante, et les plantes poussent dans des champs. La Pluie et le Beau Temps, d’Ariane Doublet*, met en lien direct les plaines du Pays de Caux avec les usines chinoises. La réalisatrice filme en Normandie le travail des cultivateurs soumis aux impératifs de production et d’exportation. Et le réalisateur Wen Hai lui envoie, lui, des images du versant chinois de ce commerce : les filatures et les usines où le lin se travaille. Une ubiquité qui forme un « entrelacement audacieux, presque vertigineux » selon Julia Pinget, programmatrice : où les fermes normandes discutent politique intérieure chinoise et sont directement reliées aux ateliers et aux conditions de travail des ouvriers à l’autre bout du monde…

C’est précisément dans ce type d’ateliers que se déroule Haining, du nom d’une ville industrielle chinoise spécialisée dans le tissu d’ameublement. Un court métrage sans dialogues qui nous immerge dans le rythme du travail, hypnotique et aliénant : vérifier la régularité d’une étoffe, plier, replier, accompagner la machine… Et au milieu de la matière fabriquée, toujours, et néanmoins : des visages et des regards…

Enfin, pour compléter ce Tours, détours consacré à la Chine, usine du monde, voici Smog Town et son CO2. Le film – « comédie grave aux accents kafkaïens » – suit deux inspecteurs chargés de lutter contre la pollution extrême dans une ville de la banlieue de Pékin. Mais ils sont très vite confrontés à la difficulté d’appliquer des directives nationales qui se heurtent à la réalité du terrain. Enfer bureaucratique et absurdité inhérente à cette ambition même : mener une politique environnementale stricte tout en maintenant un développement économique frénétique…


Bureaucratie, quand tu nous tiens… Voici un court métrage de 5 minutes au ton espiègle, et pourtant principalement constitué de comptes-rendus de jugements ! Svonni vs. The Swedish Tax Agency raconte le combat d’une femme sami – peuple autochtone du Nord de la Suède – pour une histoire de TVA : elle souhaite faire reconnaître son chien comme un outil de travail essentiel pour l’élevage des rennes. Mais l’administration ne l’entend pas de cette oreille ! Le maintien des pratiques ancestrales, l’identité autochtone, le droit à la terre ne semblent pas rentrer dans les cases des formulaires…


Le 28 juin 1969, la police fait une descente au Stonewall Inn, dans le quartier de Greenwich Village à New York – un bar connu pour accueillir notamment les personnes LGBT+. C’est un fait relativement courant dans les États-Unis de l’époque : la police arrête, embarque, condamne pour attentat à la pudeur… Mais ce soir-là, au Stonewall Inn, ça suffit. Une émeute éclate, qui sera marquante dans l’histoire.

Rien n’oblige à répéter l’histoire prend ce point de départ pour explorer les multiples mouvements militants LGBT+ nés dans la deuxième moitié du 20e siècle, que ce soit dans le sillage de Stonewall ou pour lutter contre l’épidémie de sida. Libération, fierté, subversion, fêtes, manifestations : des entretiens accompagnent des images retravaillées, racontent et dessinent ce qu’a pu être la construction de l’idée d’une communauté. Avec ce qui l’unit ou ce qui la divise. Mais avec, toujours, cette nécessité première : celle d’une vaste transformation de la société.

Bons films !

*Retrouvez 4 autres films d’Ariane Doublet en location en cliquant ici !