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•• Cette semaine sur Tënk

13 mai 2022

La semaine prochaine s’ouvrira dans une ville de la Côte d’Azur un grand festival de cinéma international, qui comporte notamment un palais, un escalier, un tapis et des palmes.

À l’occasion du festival de Cannes, donc, nous vous proposons cette semaine des films qui s’intéressent au cinéma, à sa fabrication, à sa matière.

Les films, ça se fabrique avec des morceaux de film(s). On colle et on imbrique. Journal d’un montage – Adultère (Mode d’emploi) est, comme (la première partie de) son nom l’indique, le suivi au jour le jour du travail dans une salle de montage lors de la fabrication d’un long métrage. Annette Dutertre, alors assistante-monteuse, a saisi une petite caméra vidéo et relate ce qui ne se voit que très rarement : un temps d’écriture, de mise en forme d’un film, constitué de longues discussions dans la pénombre, d’argumentations confinées, de tentatives et de révélations. C’est aussi un bel hommage à la cinéaste Christine Pascal, qui travaille là sur ce qui sera son dernier film.

Frank Beauvais, lui, a pour manie d’avaler des films de manière boulimique. De cette addiction, il tire Ne croyez surtout pas que je hurle, hallucinant long métrage constitué d’extraits de films guidés par sa propre voix, narrant sa solitude et son désarroi dans une France post-attentats de 2015. « Les extraits filmiques, flashs d’autres vies que la sienne, se fondent ensemble et s’agglomèrent pour former une masse floue et pourtant si réelle, comme un rêve éveillé sous anxiolytiques. » écrit notre programmateur Aurélien Marsais.

Les films, ça se fabrique avec des visages et des corps. Il y a les jeunes hommes corses de Lutte jeunesse, qu’il nous est donné de rencontrer à l’occasion du casting pour le film de Thierry de Peretti Une vie violente. Julie Allione, directrice de casting filme ces visages et les rencontres se font, et la parole se déroule, racontant progressivement l’appartenance à un territoire, l’identité, le nationalisme ou encore la violence omniprésente…

Il y a aussi le visage de l’actrice. Sylvia Kristel – Paris est un portrait tout en délicatesse de celle qui fut rendue célèbre dans les années 70 par le grand succès du film érotique Emmanuelle. C’est ici sa voix qui nous guide dans les souvenirs de sa vie à Paris. Loin de nous présenter un portrait univoque d’une icône, la réalisatrice Manon de Boer interroge aussi la façon dont on se souvient. Lisons les mots de Charlène Dinhut, qui programme le film : « Pour ce faire, [Manon de Boer] va à rebours de la chronologie et diffuse d’abord l’interview la plus récente. En résulte une superbe observation de l’absolue infinité de facettes d’une même vie et d’une identité, ainsi qu’un film que le temps semble trouer, où le spectateur comme l’actrice font une expérience troublante du processus de remémoration. »

Les films, ça se fabrique avec de la musique. Et en matière de musique de films, Georges Delerue fait partie des plus grands. Truffaut, Godard, Resnais, Żuławski, Oliver Stone… tant de réalisateurs ont fait appel à son langage, à ses notes, à cet « en-plus » comme il le dit lui-même. Georges Delerue – le film – est un portrait du compositeur et de son travail par ceux avec qui il a travaillé, entre la France et Hollywood.

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Les deux autres films de notre programmation de la semaine ont été présentés il y a quelques années au festival de Cannes.

Depuis 2015, la Scam (Société civile des auteurs multimédia) couronne chaque année un documentaire au sein des sélections officielles. C’est L’Œil d’or. En 2018, il fut remis au film Samouni Road, de Stefano Savona. En 2009, celui-ci réalisait Plomb durci pendant les attaques israéliennes à Gaza. Quelques temps plus tard, revenu sur le territoire, il filme la famille Samouni, qui tente de se relever après les terribles pertes subies. Le film, qui mêle scènes du quotidien et reconstitutions animées, raconte leur vie après la guerre, entre projections vers l’avenir et tentatives de reconstruction.

Enfin, nous vous invitons à découvrir notre Coup de cœur ! Dans la terrible jungle fut présenté en 2018 dans la sélection ACID Cannes. Il raconte la vie de jeunes gens au sein d’un institut médico-éducatif, mais pas seulement. C’est aussi un film généreux qui fait la part belle à la fiction, à la musique, au cinéma ! L’imaginaire débridé des adolescents, leurs rêves s’invitent dans la mise en scène et nourrissent le scénario… et nous parlent de l’avenir, de l’amour, du handicap, avec une inventivité folle !

Bons films !