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•• Cette semaine sur Tënk

4 juin 2021

Des insectes ou alors le vent.

Comment comprendre qu’un lac glacé la nuit tempête comme un filin d’acier crispé ?” se demande Pierre Oscar Lévy, qui a programmé L’Esprit des lieux cette semaine.

Nos oreilles sont un peu bouchées, ou du moins, sous-exploitées… Alors L’Esprit des lieux met un casque dessus et nous fait entrer dans un univers insoupçonné, celui de l’écoute attentive, de l’ouïe tendue vers ce qui nous entoure. C’est un film d’oreilles et de sons, mais à regarder les yeux grands ouverts. Parce qu’on y voit les visages de ceux qui entendent, enregistrent ou écoutent. Et sur ceux-ci, les émotions qui passent, qui rentrent par les oreilles et ressortent parfois en sourires ou en petites larmes. Parce qu’on découvre un monde nouveau, ou bien parce qu’on se plonge dans un passé inscrit sur bande magnétique… Le film articule délicatement une sorte de tendre film de famille avec une exploration du monde de dehors, qui nous fait entendre, au hasard, le ramdam des fourmis, des hurlements de singes, la peur des scarabées, un troglodyte sifflotant, des insectes ou alors le vent. À voir ! À écouter !

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Ne ratez pas cette semaine notre Fragment d’une œuvre consacré à Jean-Daniel Pollet !

Un réalisateur majeur, qui alla un temps chercher du côté du burlesque, de la fiction – avec des yeux toujours un peu mélancoliques – et qui finit par inventer sa propre poésie, faite de déplacements dans l’espace, de visages, de temples vides, de textes et de musiques… Il plonge ici dans la peinture – et les visages de femmes – dans La Femme aux cent visages, ou bien il revisite ses propres films dans Contretemps. Et dans L’Ordre, c’est un homme lépreux qui nous parle, face caméra, avec une voix qui racle, un regard qui n’en est pas un vraiment, et il nous dit les choses droit dans les yeux tout de même, nous parle de son enfermement, de l’injustice, de notre pitié qu’il rejette, de notre propre enfermement… et de notre propre maladie, peut-être…

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Retrouvez enfin sur notre plage Histoire et politique un film de fin d’études devenu une œuvre importante du cinéma féministe allemand : Für Frauen – 1. Kapitel raconte le combat de jeunes femmes pour obtenir une chose complètement folle : le même salaire que leurs collègues masculins !

Enfin, un tour dans le massif de la Chartreuse : dans La Ravine, on suit un homme qui court sur des sentiers. Et qui cherche à poser des pierres en équilibre sur d’autres pierres. Et puis qui y parvient, avec un peu de magie. Certainement parce qu’il est poète et qu’en cela il sait modifier le paysage. C’est un beau court métrage, tout en silences, en mots choisis sans affèterie. Et tout en souffles et en cailloux, aussi.

Bons films !